"Cosby: The Women, An Unwelcome Sisterhood" (Cosby : les femmes, une communauté indésirable, en français) : c'est le titre, poignant, qu'a choisi le New York Magazine pour évoquer l'affaire Bill Cosby.
Acteur-phare du petit écran dans les années 80, Bill Cosby, 78 ans, est aujourd'hui accusé d'abus sexuels et de viols par 46 femmes, dont la plupart était mineure au moment des faits qui remontent jusqu'aux années 60. Aujourd'hui, 35 d'entre elles ont décidé de dévoiler publiquement leur histoire pour que les crimes commis par l'acteur ne restent pas impunis.
En Une du bimensuel, elles posent assises sur une chaise. Sous leur silhouette en noir et blanc est indiquée l'année où elles ont été agressées par Bill Cosby. Certaines de ces femmes sont connues du grand public : on retrouve parmi elles la comédienne Beverly Johnson, le top model Janice Dickinson et l'actrice Lili Bernard, qui toutes affirment avoir été violées par Bill Cosby lorsqu'elles étaient plus jeunes.
Dans les pages du magazine, les 35 femmes livrent le témoignage, terrible, de leur agression par Bill Cosby, et expliquent comment cela a changé leur vie à jamais.
Parmi les récits recueillis, celui de la comédienne Louisa Moritz. Aujourd'hui âgée de 68 ans, elle raconte avoir été violée par Bill Cosby en 1971, alors qu'elle se trouvait dans sa loge du "Tonight Show". "Il n'a jamais frappé. Je savais que c'était Monsieur Cosby. J'avais vu sa photo, raconte-t-elle. Il est entré et a fermé la porte derrière lui. Ça a duré peut-être 4 ou 5 minutes. Mais c'était les 5 minutes les plus longues que j'ai jamais vécues. Et quand ils ont appelé mon nom, il est sorti en courant (...) J'avais peur de le dire à quelqu'un. Je savais qui était Monsieur Cosby et ça m'a empêché de le dire à quelqu'un. J'ai eu honte. J'étais embarrassée d'être moi."
Nombreuses sont les victimes présumées à déclarer avoir été droguées par la star avant d'être violées. À chaque fois, le modus operandi est le même : Bill Cosby les incitait à prendre "un médicament", vraisemblablement un Quaalude, avant d'abuser sexuellement d'elles quand elles étaient inconscientes. Victoria Valentino, Joan Tarshish, Janice Dickinson, Barbara Bowman... Les récits livrés par les victimes de Bill Cosby donnent la nausée.
Agressée en 1984, Heidi Thomas, aujourd'hui âgée de 55 ans, raconte comment l'acteur a abusé d'elle alors qu'ils répétaient une scène. "Il a dit : 'Faisons une lecture à froid', avant de sortir un script. La scène se passait dans un bar. Le personnage de la scène devait être en état d'ébriété. Il a versé un verre de vin blanc et m'a dit de l'utiliser comme un accessoire (...) Ensuite, je ne me souviens plus de grand-chose, sauf de mon réveil dans sa chambre. Il était nu et se forçait dans ma bouche."
La Une du New York Magazine pourrait bien marquer la fin de l'impunité dont profite encore aujourd'hui Bill Cosby. Lui qui jusqu'ici niait les faits qui lui étaient reprochés a été mis en cause par un document juridique rendu public par les autorités américaines et que s'est procuré le New York Times. Publié dans dans sa quasi-totalité par le quotidien le 7 juillet dernier, il retranscrit les entretiens qui ont eu lieu en 2005 entre l'acteur et Dolores Troiani. Cette dernière n'est autre que l'avocate d'Andrea Constand, la première femme à avoir publiquement accusé Bill Cosby de viol avant de consentir à un accord à l'amiable.
Jusqu'ici inflexible sur sa version des faits, la star du "Cosby Show" admet dans ce document avoir administré un Quaalude à une jeune femme afin d'obtenir des relations sexuelles. "Je l'ai (Andrea Constand) tirée par les cheveux (...) je lui ai dit de se relaxer, d'être forte. Et je lui ai dit de venir plus près, en parlant de son corps. Je ne l'ai pas embrassée, elle n'avait pas l'air d'accord", affirme Bill Cosby qui, jamais ne prononcer le mot "viol", préférant celui de "moment sexuel". "Elle n'avait pas l'air en colère quand je l'ai ramenée. Elle n'avait pas l'air vexée."
Depuis la publication des extraits de sa déposition, Bill Cosby est revenu sur sa version des faits . "En lisant les articles dans les médias, on pourrait conclure que (Bill Cosby) a reconnu le viol. Et pourtant (il) n'a rien admis d'autre qu'être l'une des nombreuses personnes qui ont introduit le Quaalude dans leur vie sexuelle consensuelle dans les années 1970", affirme aujourd'hui l'avocate de l'acteur Monique Pressley, qui a ajouté sur ABC que "le bruit ou le nombre des personnes qui disent une chose ne rendent pas cette dernière vraie."