« On a été indigné par la politisation de notre drame. Et le manque de compassion total à notre égard. Jamais un mot pour nous. Les journalistes, eux, se sont pointés à la maison ». Anne-Sophie Delestre témoigne, dans un entretien au Nouvel Obs, du drame qu’elle vient de vivre mais également du traitement qu’en ont fait politiques et journalistes. La Lotoise de 35 ans et son mari ont tenté vendredi de rallier la maternité de Brive en Corrèze, située à plus d’une heure de voiture de leur domicile : « Je n’ai jamais fait plusieurs fausses couches, comme j’ai pu le lire. C’était ma première grossesse, et elle n’était pas à risque. Le gynécologue a estimé que j’avais quatre heures devant moi pour arriver à Brive, ce qui est très large. On m’attendait là-bas. Personne ne pouvait savoir que le bébé arriverait aussi vite ».
Dévasté par cette tragédie, le couple soutient néanmoins qu’il n’y a pas de responsable à désigner : « J’ai été très bien suivie par mon obstétricien à Figeac. Un praticien reconnu, qui a 25 ans de métier. Je ne serais arrivée à temps dans aucune maternité. Ni nous, ni l’obstétricien, que je soutiens totalement, ne sont en cause. C’est une douleur immense, un deuil horrible. Et quand je vois que ça fait la Une le lendemain, ça amplifie… »
« RTL est resté devant chez nous. Ils nous ont trouvés parce que France Inter a diffusé le nom de mon compagnon. Mais surtout, j’ai été choquée par les journaux à scandale. Des journalistes de Paris Match sont venus jusque dans les couloirs de l’hôpital à Cahors pour prendre des photos. C’est inadmissible. C’est du voyeurisme. Profiter du drame des personnes, c’est inhumain ». Si Anne-Sophie Delestre évoque le nom de plusieurs médias, c’est qu’elle a réellement souffert du récit altéré véhiculé depuis quelques jours. Et même si elle n’accuse pas nommément les politiques et notamment François Hollande d’avoir utilisé sa tragédie personnelle pour relancer le débat sur les déserts médicaux, elle souhaite désormais faire son deuil dans l’intimité et apprendre à vivre avec ce souvenir traumatisant : « Nous attendons le retour du corps de la petite pour l'inhumer, parce que j'ai demandé une autopsie. Je veux que la cérémonie se passe juste entre mon compagnon et moi. Nous ne voulons personne d'autre. »
DROIT DE REPONSE A LA DEMANDE DE PARIS MATCH :
Dans un communiqué publié sur son site, le magazine Paris Match fait savoir qu'il conteste les faits relatés par la journaliste auteur de l'interview parue dans le Nouvel Observateur.
Crédit photo : Pixland
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