Faut-il cancel Gérard Depardieu ? Autrement dit - pour employer un terme moins inhérent à une certaine panique morale - faut-il boycotter les films où joue Gérard Depardieu ? Que cela concerne les sorties récentes et futures, ou les classiques des années 70, 80, 90, de Bernard Blier à Cyrano ?
Cela, toute une partie des citoyens français en est convaincue. C'est en tout cas ce que suggère une toute nouvelle étude Yougov pour Le Huffpost, relayée par Le Figaro. Selon cette enquête chiffrée, 23% des Français considèrent effectivement que "ce n'est plus possible" de visionner les films avec Depardieu. Rappelons que l'acteur est accusé de violences sexuelles par 13 femmes : propos salaces, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses, humiliations en public, insultes sexistes...
Et "Complément d'enquête" l'a dévoilé en train de commenter par ces paroles l'entraînement, à cheval, de jeunes filles, dont une enfant : "Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont la chatte qui frotte sur le pommeau de la selle. C'est des grosses salopes. Si jamais il galope, elle jouit. C'est bien ma fifille !"
C'est pour cela que près d'un Français sur quatre souhaite passer son tour...
Cependant, précisons à l'inverse que pour 62% des personnes interrogées n'éprouvent aucune gêne à voir, et à revoir, les films où l'on peut voir le "monstre sacré du cinéma français", comme l'énonce l'adage. En outre, 15 % des sondés sont dans l'incertitude totale : ils ignorent s'ils vont boycotter l'acteur, ou non...
Des chiffres qui appuient de toute évidence une chose, formulée clairement par Le Figaro : "La tempête Depardieu laissera des traces". Le débat Depardieu ne se réduit pas à cette simple sphère de spectateurs. Elle touche également aux plus hautes sphères. Ainsi en ce mois de janvier la chancellerie de la Légion d'honneur a ouvert une procédure disciplinaire afin de décider d'une chose : retirer, ou non, le Graal à l'acteur.
La Légion d'honneur a été remise des mains de l'ancien président de la République Jacques Chirac à Gérard Depardieu il y a près de trente ans, en 1996. Invité le 20 décembre au sein de l'émission C à vous sur France 5, Emmanuel Macron a affirmé de son côté, abordant le reportage de Complément d'enquête : "C'est pas sur la base d'un reportage qu'on enlève une légion d'honneur. Est-ce que je vais commencer à retirer la Légion d'honneur quand on dit des choses qui me choquent ? Je dis non"
"Depuis qu'il est accusé de viols, Depardieu a tourné 10 films et son prochain, Umami, sort dans quelques jours. (Sans parler du théâtre)", affirmait en avril 2023 l'historienne féministe Elodie Jauneau sur les réseaux sociaux. "Vraiment, la cancel culture et le wokisme, quels fléaux ! #OuPas", ironisait l'érudite.
Télérama de son côté, a rappelé ceci, derrière la plume de Samuel Douhaire : "Si " effacement " il y a, ce serait plutôt celui... des spectateurs de Gérard Depardieu. À l'exception de Maison de retraite (2022), les films avec le poids lourd du cinéma français des années 1980-2000 n'attirent plus les foules".
"Voire, à l'image d'Umami, de Slony Sow, et des Volets verts, de Jean Becker, ses deux dernières apparitions en date sur grand écran, ont connu des bides cinglants. Et si, à force d'embrassades publiques à Vladimir Poutine, d'exil fiscal en Belgique et de provocations en tous genres, le principal responsable de " l'effacement " de Gérard Depardieu n'était pas Gérard Depardieu lui-même ?"