Le corps de Lola D., collégienne de 12 ans, a été découvert le vendredi 14 octobre dans une malle en plastique, dans le 19e arrondissement de Paris, non loin du domicile familial. Elle aurait été tuée par Dahbia B., 24 ans, mise en examen pour "meurtre de mineur de moins de 15 ans" et "viol sur mineur avec actes de torture et de barbarie" et écrouée le 17 octobre.
Un crime glaçant susceptible de générer de l'anxiété chez les parents et des angoisses pour les enfants qui auraient entendu parler de cette affaire qui secoue la France entière depuis une semaine.
Pour Terrafemina, Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, donne des clés pour répondre au mieux aux interrogations des enfants sur l'affaire Lola.
Aline Nativel Id Hammou : Il faut répondre à son enfant. On part des informations qu'elle ou il a pu entendre, comprendre ou obtenir, que ce soit avec l'école ou avec les copains, avec d'autres adultes éventuellement. Il faut faire le point sur ce qu'elle ou il a écouté, compris et entendu concrètement.
A partir de là, il faut oser répondre à ses questions. Évidemment, on ne peut pas anticiper les questions d'un enfant. Mais s'il a besoin d'en parler, qu'il vous en parle d'une façon très spontanée, c'est qu'il a besoin d'échanger avec vous. Il doit certainement avoir besoin d'informations supplémentaires, cela peut créer une anxiété, ne pas comprendre ce qu'il se passe. Les parents ont ce rôle et cette mission de devoir échanger sur le sujet avec leurs enfants.
A.N. : Ce que je conseille toujours aux parents, c'est de partir des questions de l'enfant. C'est un bon point de repère pour savoir ce qu'il a pu écouter ou entendre. À partir de là, on reste sur des faits, on ne rentre pas forcément dans des détails.
Si votre enfant vous pose des questions plus détaillées, il faut quand même y répondre : la non-réponse va créer de l'incompréhension, du non-sens et de l'anxiété chez l'enfant éventuellement. Il va se demander pourquoi l'adulte est anxieux, mal à l'aise ou cache des choses et il ira chercher les informations ailleurs.
Selon l'âge de l'enfant, c'est souvent sur Internet ou avec les copains. Donc il sera susceptible de recevoir de mauvaises informations.
A.N. : Cela dépend vraiment de l'âge de l'enfant. On peut lui raconter que Lola a été victime d'une personne avec des intentions particulières, qu'effectivement, il y a une atteinte corporelle.
On peut aussi être dans la prévention, que ce soit au niveau du corps ou des relations sociales par rapport aux adultes que l'on croise. On s'adapte toujours avec un discours clair et authentique, qui est lui-même adapté aux questions des enfants.
A.N. : Donner des consignes de sécurité à son enfant sans l'angoisser, sans générer de l'anxiété, sans qu'il ait des peurs ou même qu'il qui puisse créer des phobies, ça peut paraître un peu compliqué. Mais ce sont effectivement des règles de vie, des normes sociales que l'enfant doit acquérir pour se protéger ou pour protéger autrui s'il voit certaines situations. C'est donc important.
Il faut déjà, pourquoi pas, faire le point avec son partenaire éducatif sur ce que l'on veut transmettre à son enfant. Si l'on a une fratrie, on peut se réunir pour organiser un "échange collectif" autour de cette thématique.
On peut aussi décider, en fonction de l'âge des enfants, de le faire de manière individuelle. Avoir recours à des outils (un dessin animé, une vidéo, un livre sur le sujet...) peut aussi être utile. Ça permet après aux parents d'être plus à l'aise avec le sujet.
Je pense qu'il y a beaucoup de parents, suite à cette affaire Lola, qui ont dû reprendre un petit peu avec leurs enfants le comportement à avoir vis-à-vis des inconnus et comment aussi ces inconnus peuvent se comporter avec eux en dehors de la présence des parents.
A.N. : Tout dépend de l'atmosphère, de l'ambiance lorsque vous allez discuter avec l'enfant, de ce qu'il va vous dire, de ses mimiques corporelles, de ce qu'il va mettre en avant dans ses questions... L'anxiété chez l'enfant est facilement observable et repérable, donc on peut lui demander : "Est-ce qu'il y a quelque chose qui t'inquiète dans cette situation, est-ce qu'il y a quelque chose qui te fait peur ?".
Pour les enfants qui sont du même âge que Lola (12 ans), il peut y avoir la question de la projection aussi. Le ou la rassurer, c'est tout simplement lui rappeler les règles de sécurité corporelle, physiques, par rapport à la rencontre avec un inconnu ou avec d'autres adultes qu'il ou elle connaît déjà. C'est la question du consentement, des relations sociales avec autrui, qu'on peut reprendre avec son enfant tout simplement.
Surtout, on peu dire à son enfant que s'il ressent quelque chose de bizarre par rapport à un autre adulte, il peut aussi faire confiance à son intuitivité et décider de couper court à une conversation ou de pouvoir s'extraire d'une situation dans laquelle elle ou il serait mal à l'aise.