En quelques semaines, le sujet du voile a fait une irruption violente dans l’actualité de la commune d’Argenteuil (Val-d’Oise). Le 20 mai dernier, une adolescente voilée de 17 ans portait plainte pour agression. Elle aurait été jetée par terre, rouée de coups et traitée de « sale arabe », selon un récit livré à l’Observatoire national contre l’islamophobie. Le 13 juin, une autre femme de 21 ans a été violentée par deux hommes alors qu’elle sortait d’un laboratoire d’analyses médicales. Selon le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, ses agresseurs lui auraient arraché son voile et coupé un bout de son vêtement, et l’un des agresseurs lui aurait donné un coup de pied dans la hanche avant de s’enfuir.
L’affaire a pris une ampleur dramatique ce lundi, quand le public a appris que la deuxième victime, enceinte de 4 mois, avait fait une fausse couche. Le parquet de Pontoise a décidé mercredi d’ouvrir une information judiciaire sur les deux agressions, « compte tenu de leur localisation géographique et de leur proximité dans le temps », sans pour autant disposer d’éléments permettant d'affirmer que les auteurs sont les mêmes dans les deux affaires. Dans un communiqué diffusé le 17 juin, le préfet du Val d’Oise Jean-Luc Nevache a condamné « avec la plus grande fermeté l’agression dont a été victime une jeune femme de confession musulmane » et a assuré la victime et sa famille « de sa solidarité face à ces agressions et de sa détermination à lutter contre l’islamophobie et contre toutes les formes de racisme. » Et de conclure : « Le préfet du Val-d’Oise en appelle à la responsabilité de chacun pour que la sérénité et le respect mutuel demeurent le mode d’expression quotidien du vivre ensemble auquel nous sommes tous attachés. »
Le préfet n’a cependant pas fait allusion à un autre fait survenu le 11 juin, vers 19h. Un contrôle d’identité effectué par la police sur une femme portant le voile intégral près de la basilique d’Argenteuil aurait mal tourné, d’après le Parisien. Depuis le 11 avril 2011, la loi interdit la dissimulation du visage dans l'espace public, l'infraction est punie par une amende pouvant aller jusqu'à 150 euros ou par un stage de citoyenneté. La femme en niqab raconte à la cellule juridique du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) qu’elle a été collée contre le mur par l’un des quatre agents de police et que celui-ci lui a arraché son sac. Les cris du policier et les pleurs de la femme auraient interpellé les passants, formant un attroupement d’une quarantaine de personnes. Le groupe a finalement été dispersé grâce à l’utilisation par les policiers de gaz lacrymogène et de tirs de flash-ball. Emmenée au commissariat, la femme interpellée dit avoir été intimidée et insultée par les agents. Elle aurait par ailleurs subi un interrogatoire sur ses convictions religieuses, ses motivations pour porter le voile ou encore le nombre de fois qu’elle avait lu le Coran… Suite à cette affaire, le préfet du Val-d’Oise, Jean-Luc Nevache a été saisi par le maire de la commune, Philippe Doucet qui a estimé que l’usage de la force par la police « n’avait peut-être pas été proportionné ».
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