Si le Président de la République a décrété l'état d'urgence et invité les Français à rester chez eux ce weekend, il en fallait plus pour dissuader les Parisiens de descendre dans la rue.En effet, dès samedi, des milliers de personnes ont commencé à se rassembler sur les différents lieux des attentats. Rue Bichat, devant le restaurant Le Petit Cambodge et le bistro Le Carillon, rue de Charonne devant le restaurant La Belle équipe, rue de la Fontaine auRoi devant la brasserie La Bonne bière, boulevard Voltaire devant Le Bataclan, et place de la République, déjà théâtre d'un rassemblement solidaire après les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015.
Des bougies ont été allumées, des fleurs déposées et, çà et là, on a vu fleurir des petits mots inscrits à la craie à même le sol ou sur des bouts de carton. Partout, le même recueillement silencieux face aux forces de police qui ont demandé plusieurs fois à la foule de se disperser sans grand succès. Dès samedi, la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur" que l'on peut traduire par "Il (le bateau) est battu par les flots mais ne sombre pas" est devenu un véritable slogan de résistance. Place de la République, un collectif de graffeurs a ainsi peint la devise sur une fresque de 2,50m de haut par 12m de large, en lettres blanches sur fond noir pour rendre hommage aux 132 morts (bilan provisoire) et aux très nombreuses victimes, comme le rapporte Le Monde.
Certains Franciliens rassemblés place de la République ce dimanche ont distribué des "free Hugs" (câlins gratuits), une tradition anglo-saxonne qui consiste à enlacer des inconnus pour partager un peu d'amour et de compassion. Sur les réseaux sociaux, on a donc vu affluer des clichés d'inconnus se prenant dans les bras, parfois en larmes, parfois affichant un sourire de soulagement. Des chants ont également été entonnés. La Marseillaise bien sûr, mais aussi le tube de Bob Marley, "Get Up Stand Up" ou encore un chant lancé sur le moment : "Non non non on n'a pas peur, so-so-so-solidarité". Un weekend de recueillement donc, mais ponctué de musique, de rassemblements et de retrouvailles en terrasse des cafés. "Fluctuat nec mergitur, ça signifie merde à la mort", écrivait samedi le dessinateur Joann Sfar sur son compte Instagram. Les Français lui ont donné raison.