Le verdict tant attendu est tombé et se veut positif : aucune fermeture de centrales nucléaires n’est envisagée par l'ASN dans son rapport sur le parc nucléaire français, pas même celle de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus vieille qui a cristallisé le débat sur la poursuite du nucléaire. Cette parole experte « considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant ». « La poursuite de leur exploitation nécessite d'augmenter dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sûreté dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes », a-t-elle pris soin d’ajouter, néanmoins. Ce sabir virtuose mérite une attention redoublée : la poursuite de l’activité se trouve là conditionnée à des aménagements significatifs qui, s’ils répondent à une politique de la prudence maximale, n’en paraissent pas moins cruciaux. La catastrophe de Fukushima a bel et bien introduit dans le débat politique une grille de lecture emphatique des risques encourus par le nucléaire français.
De quelles mesures s’agit-il ? L’ASN demande dans son rapport la mise en place d’une « force d’action rapide nucléaire », un dispositif d’urgence proposé par EDF qui permet d’intervenir en moins de 24 heures sur un site accidenté, et qui devra être « complètement opérationnel » fin 2014. Une mesure qui implique la mobilisation d’équipes spécialisées et d’équipements stratégiques. Le but est de « prévenir un accident grave ou en limiter la progression », en cas de séisme ou d’inondation par exemple, et de « limiter les rejets massifs » occasionnés par un tel accident. Une date butoire a été fixée pour accélérer cette dynamique de prévention renforcée. Les exploitants de chaque centrale ont jusqu'au 30 juin 2012 pour présenter à l'ASN leur plan d’action. Le gouvernement prend la chose très au sérieux et entend respecter à la lettre les prescriptions de l’ASN, comme l’a précisé le Premier ministre François Fillon. Un calendrier de mise en œuvre des exigences formulées par l’ASN sera donc défini lors d’une réunion des exploitants des sites nucléaires français (EDF, Areva, CEA) organisée par le ministre de l’Industrie, Eric Besson, le 9 janvier.
La facture de ces aménagements massifs s’élèvera à « des dizaines de milliards d’euros », selon une estimation du président de l’ASN, André-Claude Lacoste. Outre des travaux coûteux, il faudra recruter et former des centaines de personnes. Le prix de l’électricité s’en trouvera logiquement impacté : « Je vois mal comment des investissements de plusieurs milliards d'euros ne pourraient pas se traduire sur le prix de revient », a convenu M.Lacoste. La poursuite du nucléaire n’a pas fini d’alimenter la campagne des candidats à la présidentielle.
Elodie Vergelati
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