C'est une success story dont les Etats-Unis ont le secret. A 31 ans seulement, Whitney Wolfe Herd vient de devenir la plus jeune patronne à introduire sa boîte au Nasdaq, le deuxième plus important marché d'actions des États-Unis. La boîte en question ? L'application Bumble, qui n'a aujourd'hui plus grand-chose à envier à l'une de ses principales rivales sur le marché - Tinder.
Bumble est une application de rencontres. Mais le petit plus de la plateforme, c'est sa dimension "féministe". "Sur Bumble, ce sont les femmes qui font le premier pas. Nous venons révolutionner les règles du dating !", explique la page de présentation de l'appli.
Et révolutionnaire, Whitney Wolfe Herd l'est devenue avec cette entrée en bourse. Comme un pied de nez fracassant aux inégalités professionnelles, au sexisme ordinaire de "l'esprit d'entreprise" et au fameux "plafond de verre", des réalités discriminatoires et systémiques que la fondatrice a su affronter et devancer au fil des années. Et cela, on ne peut que s'en réjouir. Bumble est désormais valorisée à 14,1 milliards de dollars, souligne Challenges. Excusez du peu.
Une entrée à Wall Street enthousiasmante, d'autant plus quand l'on s'attarde sur la personnalité très stimulante de la patronne. Car Whitney Wolfe Herd n'est pas simplement l'une des nouvelles vedettes du milieu entrepreneurial, du style à squatter les Unes des plus réputés et pointus magazines - de Forbes à Wired. Non, elle est aussi engagée. Dans son équipe dirigeante, une majorité de femmes. Et derrière elle, une triste histoire. Cette ancienne cofondatrice de l'application Tinder avait été évincée de l'entreprise par son ex-conjoint, Justin Mateen, également cofondateur de l'app, comme le rappelle Le Figaro.
C'était en 2014, deux ans après le lancement du célèbre service de dating. Whitney Wolfe Herd a par la suite poursuivi Justin Mateen pour "harcèlement sexuel et discrimination". Une affaire juridique qui a abouti à l'attribution d'un million de dollars de dommages et intérêts pour l'actuelle star de la bourse. Et une certaine victoire qui avait démontré que, non, l'impunité ne pouvait plus durer. Bien que cette affaire précède de trois ans les prémices du mouvement, le profil de la patronne est donc indissociable de la révolution #MeToo.
Quelques mois après ce passage retentissant au tribunal, Whitney Wolfe Herd fondait Bumble en compagnie de l'homme d'affaires Andrey Andreev, créateur d'un autre classique du genre : Badoo. Et malgré les obstacles, la petite appli est devenu grande, très grande. Tant et si bien qu'il y a quatre ans, Match Group, propriétaire de Tinder, était prêt à mettre 450 millions de dollars pour racheter Bumble. Offre refusée. Persévérante, ambitieuse, engagée, la jeune milliardaire chérit son indépendance. Une notion qui lui est tout à fait précieuse.
D'ailleurs, elle n'hésite jamais à en vanter les vertus à ses utilisatrices. "L'importance pour une femme de faire le premier pas n'est pas exclusive au monde des rencontres, c'est un changement puissant, donnant aux femmes confiance et contrôle", a-t-elle déclaré lors de son intronisation à Wall Street. Permettre aux femmes d'entamer le dialogue en premier pour "dater" n'a donc rien d'une simple idée-gadget pour se faire remarquer. Non, pour la femme d'affaires, c'est un enjeu politique. Inspirant.