"On se baignera, on se baignera ! Même si les racistes veulent pas, nous on se baignera !", scandaient dimanche 1er septembre, les femmes féministes et musulmanes venues protester contre l'interdiction du burkini dans les piscines, dans le XIe arrondissement de Paris, Cours des Lions plus précisément. "Le but, c'est d'accéder à la piscine en tant que femmes musulmanes qui portons le voile", a expliqué Nargesse, 27 ans, à l'AFP. "On veut revendiquer notre choix de le porter et de pouvoir continuer à avoir nos loisirs sans qu'on puisse être importunées par des règlements discriminants", a-t-elle poursuivi, dénonçant "la montée des idées islamophobes".
Elles se sont dirigées vers les bassins vêtues du vêtement polémique, avant d'être interpellées par des policiers prévenus par les maîtres-nageurs, qui les ont fait sortir avant de fermer l'établissement. Une opération en soutien aux événements similaires survenus à Grenoble mi-juin, après qu'une jeune femme se soit vue refuser l'entrée à plusieurs piscines à cause de sa tenue (qui n'aurait pas respecté les normes d'hygiène et de sécurité). Ce rassemblement parisien a été couvert par la photographe et réalisatrice belge Charlotte Abramow, aussi connue pour son travail en collaboration avec la chanteuse Angèle (elle est notamment derrière le clip de Balance ton quoi, qui dénonce aussi les injonctions sociétales sur le corps des femmes).
Dans un post Instagram, elle revient sur l'"expérience intense" passée parmi les militantes, s'indignant contre le comportement des forces de l'ordre mais aussi de plusieurs individu.es présent.es dans les bassins.
"JUSTE À COTÉ des policiers, [un homme] a baissé son slip et sorti son pénis qu'il a agité avec violence vers nous", écrit-elle. Il a également montré ses fesses et son anus, à nous mais aussi à tous les usagers de la piscine, enfants compris. Mais cet homme n'a pas été inquiété et a pu repartir tranquillement après ces agissements agressifs, la police préférant nous mettre la pression, à nous, femmes qui étions entrain de nous baigner dans diverses tenues de bain. Des usagers ont également essayé d'arracher les bonnets de bain de plusieurs femmes en maillot couvrant."
Elle rappelle également la contradiction avec laquelle le corps des femmes est traité : soit trop apparent, soit trop couvert, et la façon dont la société patriarcale a toujours souhaité avoir une emprise sur le sujet. "En 1920, en France, les hommes mesuraient la longueur des maillots et des jupes des femmes. Aujourd'hui, le corps des femmes est encore contrôlé, et des débats aussi vides que récurrents (sans jamais donner la parole aux concernées) ont lieu sur des longueurs de tissus."
Elle poursuit : "Il n'y a rien de féministe dans le fait de dicter aux femmes ce qu'elles doivent porter ou ne doivent pas porter. Une injonction est une contrainte, pas une liberté. (...) Une femme qui va a la piscine n'impose rien à qui que ce soit. Elle jouit juste de sa liberté, qui n'est ici pas accordée aux femmes musulmanes portant le voile, pour leur genre et leur confession." En conclusion, ce hashtag : #PiscinePourToutes, qui résume bel et bien la liberté de mouvement à laquelle ces femmes souhaitent seulement prétendre - et qu'on leur refuse au nom de la laïcité.