Les dernières décennies ont été favorables à l'émancipation sexuelle, mais si - au hasard - la fellation et le sadomasochisme sont mieux perçus, hommes et femmes ont encore des blocages, en particulier sur ce que les Anglo-Saxons appellent le "casual sex", le sexe sans lendemain. Médias et spécialistes s'accordent encore à dire qu'il comporte des risques, physiques et psychologiques. Les effets bénéfiques des rapports sexuels s'envoleraient-ils lorsqu'il n'y a pas de sentiments amoureux ?
Une étude récente, conduite par le docteur Zhana Vrangalova, professeur de sexualités humaines au département psychologie de l'Université de New York (NYU), montre que ce type de rapports n'est ni bon, ni mauvais, il dépend avant tout des individus, des moments et des circonstances, et de la façon dont ils considèrent, en général, les relations de ce type. Pour conduire cette étude, elle a monté un site invitant toutes les personnes désireuses de le faire à partager leurs histoires sans lendemain. 12 000 personnes du monde entier ont participé, expliquant des motivations variables selon les uns et les autres. Certains ne cherchent que le plaisir, d'autres cherchent à apprendre d'autres façons de faire l'amour, à se faire de nouveaux amis, à augmenter leur confiance en soi, à renforcer leur désidérabilité, à mieux jouir de leur liberté... Ce qui va dans le sens de ce que défend la psychothérapeute belge Esther Perel, pour qui les humains ont un besoin fondamental d'aventures, certains plus que d'autres, en particulier pour pouvoir analyser les combats internes qui se livrent en chacun entre besoins de sécurité (amour, proximité) et besoins de liberté (désir érotique, aventures...).
Pour le Dr. Vrangalova, la plupart des individus sont encore hésitants sur leur façon d'envisager ces relations sans suivi. "Nous sommes constamment entourés de gens qui pratiquent le casual sex, mais on nous dit aussi constamment que ces relations sont mauvaises pour nous, il faudrait s'en écarter. Pourtant à l'âge de 25 ans, 70% d'entre nous ont eu une relation d'un soir, et pourtant bon nombre d'entre nous pensent qu'il ne faudrait pas le faire."
Owen, Fincham & Moore avaient publié en 2011 une étude, dans la revue Archive of Sexual Behavior, sur les rapports sexuels informels chez les étudiants, du simple baiser au rapport sexuel. Le casual sex se montrait particulièrement favorable à ceux et celles qui avec un sentiment de solitude, mais défavorables au contraire à ceux qui ne souffraient pas de cet état. Bien sûr, les relations d'un soir peuvent apporter le risque de relations sexuelles insatisfaisantes, de dégoût, de colère et de coeurs brisés, mais dans l'ensemble, cette l'étude a montré que, hommes et femmes confondus, les relations d'un soir apportaient plus de contentement que de désagréments, à condition que cela ne soit pas contraire à leurs valeurs.
Il y a malgré tout un gap orgasmique. Selon l'étude Armstrong (publiée en 2012 dans l'American Sociological Revue), 78% des hommes atteignent l'orgasme dans les relations d'un soir, contre seulement 42% des femmes (probablement pour des raisons culturelles). Malgré tout, la disparité, 2 fois plus grande que dans les relations qui durent, n'empêche pas 90% de celles qui n'ont pas joui d'avoir du plaisir ; et qu'il y ait ou non un orgasme, ceux et celles qui sont à l'aise dans le casual sex semblent dégager une aura qui les fait briller auprès leur entourage.
Ces rapports sans lendemain concernent autant les gens en couple que les célibataires, les besoins variant selon les individus. On estime qu'aujourd'hui 4 à 5% des individus qui sont dans des relations à long terme ont incorporé le casual sex comme un moyen de faire durer leur couple.
Comme à chaque fois que l'on prend des risques, cela peut être une réussite comme un désastre. Cela dépend aussi de la perception de chaque individu. Ce qui prouve bien que ce n'est ni "bien", ni "mal", mais que pour se libérer du poids social, le mieux serait de ne pas juger les autres et de s'occuper au mieux de son plaisir, comme on l'entend.