Abus de faiblesse, sur les écrans mercredi 12 février, s’inspire de l’histoire de Catherine Breillat. Rappel des faits : en 2005, la réalisatrice de Romance a été victime d'un accident vasculaire cérébral. Deux ans plus tard, alors qu'elle souffre encore d'hémiplégie et de crises d'épilepsie, elle fait la connaissance de Christophe Rocancourt, qui a déjà purgé cinq ans de prison aux Etats-Unis pour avoir escroqué des stars d’Hollywood. Fascinée par ce personnage hors du commun, elle se met en tête de travailler avec lui et tombe peu à peu sous sa coupe. En l’espace d’un an, elle lui prête 703.000 euros sous forme de chèques. Christophe Rocancourt a été condamné en février 2012 à 16 mois de prison dont huit ferme, ainsi qu'à 578.000 euros de dommages et intérêts pour abus de faiblesse au préjudice de la réalisatrice.
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Si Catherine Breillat ne fait pas mystère du fait que son film est tiré de sa mésaventure, elle revendique cependant le caractère fictionnel de son oeuvre. Interviewée par nos confrères d’Allociné, elle met en garde les spectateurs : « S’ils y vont pour en connaître plus sur Rocancourt, ce n’est pas bien, parce qu’il faut le rappeler, ce film est quand même un mensonge qui dit la vérité. » La réalisatrice insiste également sur le caractère comique de son long-métrage, qui tranche avec la gravité de la situation qu’elle a vécue. « Ce n’est pas un biopic ! Je ne suis pas une narcissique. C’est du spectacle ! Il y a un côté champagne, un côté comédie américaine », déclare-t-elle.
C’est afin de s’éloigner, justement, de ce qu’elle avait vécu, que Catherine Breillat a choisi des acteurs très éloignés d’elle-même et de Christophe Rocancourt : Isabelle Huppert et Kool Shen. « Isabelle, déjà, physiquement ne me ressemble pas. Et avec le recul, elle est comme ce qui est dit à la fin du film : “c’est moi et c’est pas moi”. Kool Shen ne ressemble vraiment pas à Rocancourt, il est plus âgé. Il n’a pas du tout ce côté gandin, gigolo. » Catherine Breillat va plus loin en confiant que si le rapport entre les deux personnages à l’écran avait reproduit ses relations avec son propre arnaqueur, cela l’aurait « profondément ennuyé ».
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Ainsi tout en avouant que « tout ce qu’[elle a] écrit, [elle l’a] vécu, Catherine Breillat a eu en permanence à coeur de s’écarter de son expérience pour en tirer un film dénué de complaisance et existant par lui-même. Une manière de prouver qu’on peut créer une oeuvre originale à partir de ce qu’on a vécu, n’en déplaise à Christophe Rocancourt, qui a dit vouloir porter plainte contre la réalisatrice pour atteinte à la vie privée la veille de la sortie du film. Pourtant, loin de présenter son film comme une vengeance, Catherine Breillat le voit comme une catharsis qui lui a permis de redevenir cinéaste. « Aujourd’hui, je suis toujours aux abois, mais j’ai avancé, le film est fait. C’est énorme », confie-t-elle.
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