Dans un pays comme les Etats-Unis, où les tensions raciales sont encore très présentes, ce qu'a découvert cette mère de famille afro-américaine originaire de Californie dans un coffret de jouets de son fiston est proprement hallucinant.
Par un bel après-midi, Ida Lockett s'apprête à passer du bon temps avec son fils, qui vient de recevoir en cadeau un bateau pirate de la marque Playmobil. Sauf qu'en ouvrant la fameuse boîte, qu'elle ne fut pas sa surprise de découvrir un personnage de couleur pieds nus, arborer ostensiblement un collier d'esclave !
Si ce détail a immédiatement choqué Ida, ce qu'elle va découvrir ensuite ne laisse plus aucune place à l'interprétation. Dans la notice d'instruction jointe au bateau de pirate, le dessin indique très clairement que le collier en métal est bel et bien fait pour être mis autour du coup de ce petit personnage de couleur. Un scandale pour cette maman pour qui il était hors de question de voir son fils s'amuser avec un jouet représentant l'une des périodes les plus sombres des Etats-Unis.
Interrogée par la chaîne de télé CBS, Ida ne mâche pas ses mots à l'intention de l'entreprise allemande : "C'est totalement raciste. C'est une pièce raciste, c'est un jouet raciste."
Même son de cloche du côté de la tante du petit garçon, Aimee Norman, qui se désole d'avoir pu offrir un tel cadeau à son neveu. Sur Facebook, elle ne s'est donc pas gênée pour publier un message bien senti à l'intention de la firme :
"Je suis mortifiée d'avoir acheté ce bateau à mon neveu, qui a trouvé un personnage noir représenté comme un esclave avec un collier en métal. (...) Quand je pense que lorsque j'étais dans les rayons, j'ai choisi cet article exprès car il comportait un personnage noir. Je n'avais pas réalisé qu'il était représenté d'une manière aussi négative. Qui pourrait bien imaginer une telle chose en 2015 ? L'esclavage n'est pas un jeu, Playmobil !"
Si Playmobil est d'abord resté sourd aux revendications de cette famille, la médiatisation de ce fait divers et la mobilisation des internautes sur les réseaux sociaux, l'ont finalement obligé à sortir de son silence. Interrogé par le Washington Post, la firme s'est exprimée en ces termes :
"Si vous regardez la boîte, vous pouvez voir que le personnage fait clairement partie de l'équipage et n'est en rien prisonnier. La figurine est censée représenter un pirate, qui était autrefois un esclave dans un contexte historique. Nous n'avions nullement l'intention de choquer qui que ce soit."
Une déclaration loin de satisfaire les consommateurs et les associations anti-racistes comme la NCAAP (l'association pour la défense des droits des personnes de couleur) de Sacramento. Pour son président Stephen Webb, le jeu doit tout simplement être retiré du commerce. Dans une interview accordée à CBS, il affirme :
"C'est déplorable, cela ne doit pas être accepté, et doit être retiré de la vente".
Si le jouet reste toujours disponible en boutique, notamment chez le géant Toys 'R Us, ce dernier a pourtant dû baisser le prix de ce bateau pirate, qui ne doit plus franchement attirer les acheteurs après une telle polémique...