Ce lundi, le GIEC (Groupement International des Experts sur le Climat) rendait à nouveau un rapport extrêmement alarmiste sur les perspectives et conséquences à venir sur les changements climatiques.
Les impacts du changement climatique sont d'ores et déjà visibles et dévastateurs à travers la planète. Les canicules, incendies et tempêtes observés cet été à travers le monde sont cruellement venus nous le rappeler.
À Oxfam France, nous entendons lutter contre toutes les formes de pauvreté dans le monde et nous constatons que ce sont les populations les plus vulnérables, généralement au sud du globe, qui sont touchées de manière disproportionnée et de plein fouet par ces bouleversements climatiques.
Alors qu'elle n'est responsable que de 10 % des émissions de gaz à effet de serre, la moitié la plus pauvre de la population mondiale paie le tribut le plus élevé à l'augmentation de la température.
Parmi ces populations les plus touchées, les femmes sont les premières victimes des changements climatiques. En effet, les observations sur le terrain montrent que la majorité des personnes affectées par les déplacements causés par le changement climatique sont des femmes !
Plusieurs raisons expliquent ce constat terrible, notamment en premier lieu, le rôle primordial joué par les femmes dans l'approvisionnement en eau et en nourriture de leur famille. Parce qu'elles dépendent souvent des ressources naturelles pour leur subsistance, les femmes ne sont plus en mesure de nourrir correctement leur famille car leurs moyens de subsistance traditionnels – la pêche ou l'agriculture - sont en péril.
Elles se retrouvent alors au coeur de tensions de territoires et peinent à jouer un rôle de temporisation au sein de leur famille ou de leur communauté, notamment pour éviter les risques de délinquance ou de radicalisation auprès des plus jeunes.
À mon arrivée à Oxfam, je me suis rendue dans la région du Sahel pour observer concrètement les conséquences du dérèglement climatique sur les communautés locales. Dans la zone du lac Tchad, les pêcheures et agricultrices font face à la fois à des changements climatiques (sécheresses, inondations, etc) mais aussi à une forte insécurité (présence de Boko Haram dans le Nord Est du Nigéria). Cela se traduit par une dégradation de l'environnement, de la biodiversité, et une marginalisation socio-économique et un risque d'extrémisme.
Sur place, j'ai pu mesurer à quel point le changement climatique est en quelque sorte un "multiplicateur" de menaces, exacerbant les conflits dont les femmes sont les premières victimes. Mais, dans ce constat difficile, j'ai pu constater, avec les équipes d'Oxfam sur le terrain, combien les femmes contribuent à la solution pour s'adapter aux changements climatiques.
Par le lien étroit qu'elles entretiennent avec leur environnement et leur place dans la communauté, les femmes sont des agents incontournables du changement. Leur connaissance et leurs compétences renforcent la résilience face à la menace climatique et les désastres observés.
Leur rôle dans la gestion des ressources naturelles s'avère être une capacité incroyable pour maintenir et réguler l'approvisionnement en nourriture face aux aléas climatiques. Et leur fonction sociale est un gage d'atténuation face aux déséquilibres socio-économiques qui peuvent bouleverser la vie des populations.
C'est pourquoi, à Oxfam, en parallèle à une nécessaire union sacrée de l'ensemble des gouvernements et des décideurs économiques de la planète, nous travaillons également sur le terrain, au plus près des communautés, pour soutenir les femmes qui se révèlent être une grande part de la solution face aux changements climatiques.
Cécile Duflot,