Elle est apparue dans deux clips de Beyoncé, elle ondule comme une sirène, et pourtant, Akira Armstrong n'arrive pas à trouver d'agent. Parce qu'elle est en surpoids, l'Américaine peine à être prise au sérieux. Elle l'avoue même tout de go, en la voyant débarquer, les professionnels ne savent pas quoi faire d'elle. Alors, plutôt que de se morfondre ou de s'imposer un régime impitoyable, Akira Armstrong a préféré faire de ses formes une force, une affirmation de sa personnalité. Dans un court mais savoureux reportage réalisé par The Scene, elle explique avoir monté sa propre compagnie de danse, baptisée Pretty Big Movement. Le but : réunir des danseuses plus size, leur offrir un espace où elles pourront gagner confiance en elle et se déhancher sans être jugées par le regard des autres.
Akira Armstrong explique que Pretty Big Movement est née d'une réelle frustration accumulée au fil des années :
"Quand les gens pensent à la danseuse typique, ils imaginent une fille très fine, grande, avec de longs bras et de longues jambes. En grandissant dans l'univers de la danse, j'avais l'impression que mon corps était quelque chose de négatif (...). Même les membres de ma famille se moquaient de moi, et c'était vraiment frustrant. J'étais déjà une danseuse professionnelle quand je suis arrivée à Los Angeles. Les gens me regardaient et me jugeaient tout de suite sur mon poids. Ils ne voulaient pas me donner ma chance, m'empêchaient de leur prouver que j'avais du talent. Quand les gens se mettent à douter de vous, ça peut totalement vous décourager. Alors je me suis dit : 'non, j'ai un but, je ne vais pas laisser toutes ces auditions me rabaisser'".
Non seulement ce projet permet aux femmes rondes de s'exprimer, la compagnie est aussi une ode à la diversité. Les danseuses sont noires, latinos, blanches, et se retrouvent grâce à une passion commune. Akira Armstrong propose une autre vision du corps de la femme et met à l'honneur une armée de déesses multiethniques. Alors que les ballerines de couleur sont extrêmement rares dans l'univers de la danse classique, des compagnies comme Pretty Big Movement font bouger les lignes, démolissent les stéréotypes avec audace et fougue.
Publiée sur Facebook le 10 janvier, la vidéo est rapidement devenue virale, cumulant à ce jour plus de 13 millions de vues. De quoi permettre aux danseuses basées à New York de gagner en notoriété. "Quand je nous vois danser, je me dis qu'on peut inspirer d'autres personnes. Depuis que j'ai créé Pretty Big Movement, j'ai gagné en confiance en moi. Il y a 5 ans, je n'aurais jamais osé porter un justaucorps, mais aujourd'hui je fais ce dont j'ai envie. Je veux que les filles qui dansent avec moi se disent qu'elles peuvent entreprendre ce qu'elles veulent", conclut Akira Armstrong. Amen.