Non, la cassette audio n'est pas morte avec la fin des années 90. A en croire un récent article de Rolling Stone, elle se vend même très bien. Le célèbre journal américain est ainsi allé à la rencontre de la National Audio Company, une entreprise qui n'a jamais arrêté sa production de cassettes. Après une petite discussion avec Steve Stepp, le propriétaire des lieux, Rolling Stone a vite compris que le petit objet en plastique est à deux doigts du retour de hype. "La plupart des gens pensent probablement qu'il reste moins de 100 000 cassettes sur terre. Rien qu'aujourd'hui, on m'en a commandé 87 000", a ainsi expliqué le patron. Alors qu'on a assisté à une véritable renaissance du vinyle ces dernières années – près de 3 millions de 33T et 45T ont été vendus en France en 2016 – il se pourrait bien que 2017 soit l'année de la minicassette.
Si la National Audio Company n'a jamais fermé ses portes, c'est qu'elle a su s'adapter. Ainsi, face à l'arrivée du CD puis du numérique, l'entreprise a muté, proposant des cassettes audio vierges par exemple. Steve Stepp raconte à Rolling Stone : "Nous sommes toujours là pour deux raisons. La première est une question d'obstination, la seconde une question de stupidité. Voyez-vous, je suis une personne très entêtée et très optimiste. Côté stupidité, eh bien nous ne savions tout simplement pas que la cassette était morte. On nous a dit qu'elle l'était mais nous n'y avons jamais cru. Donc nous avons attendu. Nous savions que le marché étant ce qu'il était, elle finirait par revenir. Et nous avions vu juste".
En 2015, l'entreprise américaine a vendu pour 5 millions de dollars de cassettes, réalisant un profit de 31% par rapport à l'année précédente. La plupart du temps, Steve Stepp et son équipe travaillent avec des labels indépendants ou des groupes peu connus. Mais depuis peu, de grosses maisons comme Sony, Capitol, Universal, ou encore Disney, commencent à passer commande. C'est ainsi que la National Audio Company a enregistré une cassette pour Justin Bieber. L'entreprise réédite aussi des albums de Nirvana ou de Metallica, reçoit des commandes de Keith Richards ou Weezer.
Si les mélomanes se réjouiront probablement du retour en grâce de la bande magnétique, on peut tout de même se demander ce qui pousse les gens à revenir vers un outil pas forcément très pratique. Car si le vinyle est un bel objet, la cassette a définitivement moins d'allure. Mais pour Rolling Stone, ce n'est pas tant l'objet qui compte que "l'importance du matériel à une époque où tout est éphémère. La cassette est tangible, colorée et mécanique. Ses mouvements intérieurs ont un petit quelque chose de punk. Elle a quelque chose d'arty et de rétro-cool que n'aura jamais la musique numérique".
Mais ce n'est pas seulement le côté "arty" de la cassette qui explique son come-back. Cory Giordano, fondateur d'Inner Ocean Records, une maison de disque canadienne, explique au site Global News que le catalogue musical disponible sur les plateformes comme Spotify, Apple ou Deezer, est tellement vaste qu'on ne sait tout simplement plus où donner de la tête. "La qualité et l'appréciation de la musique n'est pas la même quand on a tout ce choix sur notre ordinateur. Ce n'est pas comparable à notre collection de cassettes, CDs ou vinyles. Je pense que les gens recommencent à apprécier cette sensation". Ne reste plus qu'à faire le tour des vide-greniers pour trouver un poste ou une vieille chaîne hi-fi...