« Quel est le mot pour les hommes qui aiment les femmes jeunes ? (…) Il n’y a pas de mot pour ça, pas d’étiquette !
_ Non, et pourtant ça a toujours existé ! »
Ce dialogue est tiré d’un récent entretien entre Ellen de Generes (en couple avec Portia De Rossi, de quinze ans sa cadette) et Jennifer Lopez, venue faire la promotion du film Un voisin trop parfait, dans lequel elle campe une mère de famille qui a une aventure avec un homme de l’âge de son fils.
Interrogée sur le terme de cougar, dont elle reste une des figures emblématiques dans les médias depuis sa love-story avec le jeune éphèbe Casper Smart, J-Lo a vu rouge. Et on la comprend. « Je hais le fait de mettre une étiquette sur les femmes qui sortent avec un homme plus jeune », a-t-elle réagi. « Si un homme jeune s’intéresse à moi, quel est le problème ? Je ne recherche pas spécifiquement des hommes plus jeunes. Si je leur plais, tant mieux ». De là à être comparée à ça :
Soit une prédatrice sans pitié, tapie dans l’ombre, prête à bondir sur sa proie innocente, entendez le fameux et abject « toy boy » (lequel est lui-même réduit à l’image d’un jeune lionceau décérébré )… Et J-Lo a raison ! Que ses goûts la portent de manière systématique vers des mâles plus jeunes qu’elle (car après tout, pencher pour les cheveux drus et les ventres fermes n'est pas – encore – péché), que son métier lui fasse fatalement rencontrer ce type d’hommes, que les gars de son âge ne s’intéressent plus à elle (car trop absorbés par leur quête de nymphettes) ou qu’un simple concours de circonstance l’ait poussée à ces récentes aventures dites cougariennes, le traitement réservé par les médias et la société à ces histoires d’amour considérées comme différentes reste indéniablement sexiste.
>> Cougar : la femme de plus de 35 ans a-t-elle droit, elle aussi, à une vie sexuelle (ou pas) ? <<
Sean Penn, Johnny Depp, George Clooney, Michael Douglas, Harrison Ford, Bruce Willis… Tous les collègues de boulot de Jennifer Lopez ont plus de quinze ans d’écart avec leur moitié sans que nul ne s’en émeuve. Et mieux, ces couples formés par le « sémillant » quinqua (il faut parfois le dire vite) et la jolie trentenaire semblent aujourd’hui tellement normés qu’il n’existe pas de terme pour décrire ces hommes qui, à l’instar de la terrible cougar, ont fondu sur l’innocente chair fraîche. Certains médias ont timidement tenté l’introduction du terme « puma », mais en aviez-vous entendu parler ? L’Urban Dictionary évoque quant à lui les mots « rhino », « manther » (homme panthère…) ou « cheetah », tout aussi inconnu au bataillon grand public.
Est-ce parce que, ainsi que le soulignait justement Ellen DeGeneres, « ça existe depuis toujours », des hommes qui content fleurette à des jeunettes quand leur femme est devenue trop vieille, que les termes ne "prennent" pas ? Le cynisme nous pousseraient à dire que, simplement, un homme qui aiment les femmes plus jeunes, c’est un homme tout court, mais nous n’irons pas jusque-là, évidemment. En revanche, l’attitude qui consiste à montrer du doigt, voire à inventorier les femmes qui adoptent le même comportement, en les marquant du sceau de l’anormal, voire du ridicule, est aujourd’hui complètement à côté de la plaque, et carrément misogyne.
Avec les années, alors que les femmes parviennent enfin à réduire les inégalités salariales, survenant sans l’aide d’un homme à leurs besoins et ceux de leur famille, la donne a changé. Quant à l’âge, dont on dit qu’il sied mieux aux mâles, les femmes savent y faire face avec panache, en témoignent ces nombreuses quinquagénaires qui en paraissent dix de moins, grâce aussi à une vie sexuelle qui ne s’éteint plus dans le lit conjugal déserté après vingt ans de morne quotidien. Les cartes sont aujourd'hui complètement rebattues. Hommes, femmes, quadras, trentenaires, chacun choisit son partenaire sans autre considération que celle du désir, de la complicité et de l’envie de faire un bout de chemin ensemble, n'en déplaise à ceux qui continuent de trouver anormal ou trop original qu'une femme sorte des clous ancestraux imposés par une certaine vision de la maternité.
Cougars, pumas et autres catégories socio-médiatiques auront bientôt quitté les dictionnaires et J-Lo continuera de nous faire rêver avec sa sexytude de vieille dame indigne. En tous cas, c’est tout ce qu’on lui (nous) souhaite.