À 18 heures, tout le monde à la maison. Dans désormais tout le pays, le couvre-feu a été avancé de deux heures. Une généralisation de ce couvre-feu au niveau national a en effet été annoncée par Jean Castex lors d'une conférence de presse ce jeudi 14 janvier.
Pour les habitants des territoires ayant expérimenté ce couvre-feu avancé avant l'ensemble de la population, le quotidien s'en retrouve forcément chamboulé.
En effet, les Français sont donc tenus d'être en possession d'une attestation dérogatoire pour justifier une sortie à compter de 18h.
Si la mesure, moins lourde qu'un confinement, a eu les faveurs de l'exécutif, tout le monde est loin d'être convaincu de son efficacité, et certains craignent notamment l'un de ses effets pervers: l'agglutination des Français dans les grandes surfaces le week-end. D'ailleurs, le Premier ministre a alerté sur la nécessité de respecter les jauges dans les commerces, pour éviter d'en faire des foyers de contamination.
À ce titre, trois maires, ceux de Cannes, Antibes, Grasse, et le président du département des Alpes-Maritimes, estimaient dès la fin du mois de décembre pour Nice-Matin que le couvre-feu à 18h pourrait avoir "un effet contre-productif, car les gens vont s'agglutiner dans les grandes surfaces commerciales sur des temps plus réduits et parce que personne ne se retrouve dans ce magma de règles mouvantes".
"Les afflux de personnes sont plus difficilement maîtrisables, que ce soit pour les commerçants ou dans les transports en commun", soulignait le 11 janvier Me Xavier Bigas, qui représente les municipalités de Cannes, Antibes, Grasse, Villeneuve-Louvet et l'Union des métiers des industries de l'hôtellerie. "Ça va entraîner des regroupements dans les grandes surfaces, plus importants", s'inquiète de son côté le maire de Dijon, François Rebsamen.
Dès l'annonce de la mise en place de cette mesure dans les quinze premiers départements, cette problématique des courses a émergé.
"On n'a plus de vie", se désespèrent Clara et Thomas, interrogés par 20 Minutes devant un Monoprix du centre-ville de Nice, juste avant sa fermeture à 17h55. "C'est une vraie question d'organisation quand on termine le travail et qu'on a juste le temps de rentrer chez nous. Même pour la seule activité qu'on nous autorisait encore [aller faire les courses], il faut qu'on s'adapte, on n'a pas le choix", indiquent-ils.
Comme eux, les Français qui subissent ce nouveau couvre-feu n'ont pas d'autre choix que de s'adapter, et, souvent, de faire leurs courses en heure de pointe avant la fermeture, ou le week-end. Dans les deux cas, les grandes surfaces semblent souffrir d'un grand nombre de personnes venues faire leurs achats en même temps.
Pour pallier ce problème, les personnes concernées optent pour différentes stratégies, aucune d'entre elles ne semblant pleinement satisfaisante.
Il y a d'abord celles et ceux qui choisissent de faire leurs courses sur leur temps de travail. "Quand on travaille avec des horaires assez diffus, on est obligés de s'arrêter, d'aller faire ses courses. Et puis, on est plus concentrés les uns sur les autres, je ne vois pas l'intérêt", regrette un habitant de Chalon-sur-Saône, contacté par France 3.
D'autres sacrifient la pause déjeuner pour remplir leur frigo, comme cette habitante de Reims interrogée par LCI. "Pour les courses, avant, je le faisais le soir, là, on est obligé d'y aller le midi en drive. C'est blindé, on passe beaucoup plus de temps", souligne-t-elle.
Certains vont choisir de faire leurs courses autrement pour éviter la foule et la précipitation. Répondant à un appel à témoignages du HuffPost, une Française écrit ainsi "privilégier le drive pour les courses".
À tel point que certaines grandes surfaces ont même décidé de démarrer leur service de drive une heure plus tôt, comme c'est le cas de l'hypermarché E. Leclerc de Saint-Brice-Courcelles, dans la Marne.