L’ancien ministre socialiste aura du mal à suivre la campagne présidentielle française au mois de mars. Dominique Strauss-Kahn est convoqué deux fois, le 15 mars à New York suite à la plainte déposée au civil par Nafissatou Diallo, et le 28 mars à Lille pour être mis en examen dans l’affaire dite du Carlton de Lille.
L’affaire lilloise
DSK est sorti hier soir d’une garde à vue à Lille qui n’aura finalement duré que 32 heures, et pendant laquelle il a été interrogé par la brigade de répression du proxénétisme, les enquêteurs chargés des délits financiers, et par l’IGPN (la police des polices). M. Strauss-Kahn a dû répondre de ses échanges avec David Roquet et Fabrice Paszkowski, les deux entrepreneurs nordistes à l’initiative de plusieurs soirées libertines entre Paris, Washington, Lille et Bruxelles. Les juges d’instruction lillois voulaient déterminer si oui ou non DSK savait que ceux-ci refacturaient les soirées en notes de frais à leur société (notamment la société de BTP Eiffage), et que les filles invitées étaient des prostituées rémunérées. Sur ce point DSK s’est défendu en soutenant qu’il ne s’était pas imaginé que celles-ci étaient des professionnelles, étant donné qu’elles lui étaient présentées par des membres de la police. Néanmoins les SMS échangés avec l’entrepreneur F. Paszkowski laissent penser le contraire.
En fin de garde à vue, DSK a été interrogé sur sa relation avec Jean-Christophe Lagarde, commissaire divisionnaire lillois qui aurait participé aux parties fines et lui aurait présenté des prostituées. M. Lagarde a été mis en examen pour proxénétisme en octobre dernier.
Rendez-vous le 28 mars
D’après l’avocate de l’ancien patron du FMI, les interrogatoires se sont déroulés dans une grande sérénité », même si son client en est ressorti « fatigué ». On ignore les raisons pour lesquelles DSK n’a pas été directement mis en examen à l’issue de sa garde à vue, comme ce fut le cas pour les huit autres mis en examen de l’affaire, mais il a d’ores et déjà reçu sa convocation pour le 28 mars, date à laquelle il devrait être mis en examen pour « complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée » et « recel d'abus de biens sociaux ». Les peines encourues pour ces infractions sont de 20 ans et 5 ans d’emprisonnement. En attendant, une autre procédure suit son cours, à New York.
Audience le 15 mars dans le Bronx
La plainte déposée contre DSK en août 2011 par la femme de chambre d’origine guinéenne à New York suit son cours. Alors que les poursuites pénales pour viol et agression sexuelle ont été abandonnées le 23 août, Nafissatou Diallo avait décidé d’engager une procédure civile afin de toucher des dommages et intérêts. Une audience civile aura donc le lieu le 15 mars prochain à 14h00 (19h00 GMT) à New York, où le débat sera néanmoins cantonné aux motions déposées dans le cadre de la procédure.
En effet les avocats de l’ancien patron du FMI ont déposé plusieurs motions depuis le mois de septembre pour faire classer l’affaire. William Taylor a ainsi cherché à faire valoir l’immunité diplomatique de DSK au moment des faits, un argument pas forcément recevable puisque son séjour au Sofitel n’entrait pas dans un cadre diplomatique. Une autre motion concerne la suppression de certains paragraphes de la plainte de Madame Diallo, se référant à d’autres femmes agressées par DSK.
Les avocats de la femme de chambre réclament des dommages et intérêts pour l'agression « sadique et violente » qui a eu lieu dans la suite du Sofitel. Nafissatou Diallo accuse l’ancien patron du FMI de l’avoir forcée à lui faire une fellation alors qu’elle venait faire le ménage dans sa chambre. C’est le juge Douglas McKeon au tribunal du Bronx, qui sera chargé de juger cette affaire ; celle-ci pourrait s’étaler sur plusieurs années, si aucun accord négocié n'intervient entre les deux parties.
(Source : AFP)
Crédit photo : AFP
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