C’est un nouveau coup dur pour la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement. Déjà longuement critiquée pour s’être présentée en jeans au premier conseil des ministres en mai dernier, Cécile Duflot s’est une nouvelle fois attiré les foudres de l’opposition. En cause, ses positions quant à la dépénalisation du cannabis.
L’objectif d’une dépénalisation serait « double », a argumenté la ministre et secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) sur RMC et BFM TV : « faire baisser le trafic », tout en ayant une « politique de santé publique ». Et d’ajouter : « il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime : une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes ». Consciente que ce point de vue n’est toutefois pas celui du gouvernement, la candidate EELV aux législatives à Paris a précisé qu’il s’agissait là de la « position » de son parti depuis « très longtemps ».
Il n’en fallait pas plus pour déclencher une pluie de reproches à droite. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a ainsi jugé « irresponsable » que Cécile Duflot ait pu rouvrir le débat sans être « vraiment démentie » par le gouvernement. « Ces annonces sur la dépénalisation du cannabis, quand on sait les ravages sur la santé des jeunes en termes neurologiques, psychologiques ! Qu'on puisse laisser ouvrir ce débat sans qu'elle soit vraiment démentie (…), c'est irresponsable », a-t-il déclaré sur le plateau de TF1.
Rachida Dati, l’ex-garde des Sceaux, s'est quant à elle dite « profondément choquée » par les « déclarations irresponsables » de la ministre du Logement. « Une ministre de la République n'a pas à faire l'apologie d'une drogue. Le cannabis n'est pas un produit anodin. Les enjeux de santé et de sécurité liés à sa consommation et à son trafic sont trop graves », a-t-elle estimé dans un communiqué.
Face au tollé provoqué, et à moins d’une semaine des élections législatives, le nouveau gouvernement a préféré prendre ses distances avec sa ministre. « Le gouvernement n'a rien dit sur ce sujet », a d’ailleurs répondu le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à la presse qui l’interrogeait. Quant au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, opposant résolu à toute forme de légalisation ou de dépénalisation, « au nom même des valeurs de gauche », il avait déjà critiqué, en juin 2011, la proposition d’un groupe de travail socialiste préconisant la « légalisation contrôlée du cannabis » et la mise en place d'une véritable « filière nationale ».
Crédit photo : AFP/Archives
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