Pour la première fois, un procès portait sur la réalisation de la quenelle, ce geste popularisé par l’humoriste Dieudonné, considéré comme un geste anti-système par ses partisans et comme un salut nazi inversé par ses détracteurs. Le prévenu, un homme de 28, était ainsi jugé pour « provocation publique à la discrimination et à la haine raciale » pour avoir posté le 17 janvier dernier sur son compte Facebook plusieurs photos de lui-même en train de réaliser le geste de la quenelle. L’une d’elle avait été prise devant une synagogue bordelaise, l’autre le montrait effectuant une « double quenelle » devant un portrait d’Adolf Hitler avec la légende : «J’ai été con de me suicider, aujourd’hui je serais prix Nobel de la Paix ».
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Le prévenu a été condamné mercredi à 3000 euros d’amende dont 1500 avec sursis par le tribunal correctionnel de Bordeaux ainsi qu’à 1 500 euros de dommages et intérêts à verser à 1 500 euros de dommages et intérêts. Il a, enfin, été condamné à supprimer la photo présentant un portrait d’Hitler, seule qualifiée pénalement puisque seule à être restée accessible au public. « Il y a bien intention d’insulter les victimes du génocide», a plaidé Me Clothilde Chapuis, avocate et présidente de la Licra, estimant que le prévenu « a le verbatim de l’antisémitisme qui ne se connaît pas ».
La procureure Marie-Madeleine Alliot, a dénoncé des « faits contraires à notre système républicain » : « En droit, le geste de la 'quenelle' n’est pas incriminé en tant que tel. C’est parce qu’il s’intègre dans un contexte qu’il peut être considéré (...) comme provocation à la haine raciale ». Le prévenu, sans casier judiciaire, a lui déclaré qu’il n’avait « rien contre les Juifs. Sur mon Facebook, je fais attention à ne pas faire l’amalgame entre antisioniste et antisémite ». « Ce n’était pas mon but de blesser le peuple juif », a-t-il expliqué évoquant une « photo ironique (...) pas un geste antisémite », quant à la photo incriminée.