Dieudonné est « doué » mais devenu « infréquentable ». C’était déjà, en 2007, l’avis de Nicolas Bedos sur celui dont il dit « en rougissant presque » qu’il l’a tant fait rire. Six ans plus tard, et alors que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est fait un devoir d’interdire les spectacles d’un comique qui utilise à son sens l’humour au service de la haine, Nicolas Bedos est monté au front, dénonçant la publicité offerte à l’extrémiste par cette exigence de censure, laquelle aurait fait de Dieudonné un martyr et de Manuel Valls son meilleur « attaché de presse ».
Le 11 janvier dernier, Nicolas Bedos était monté au front dans « On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier, au cours d'un sketch outrancier, brillant ou vulgaire, selon les avis, mais cependant assez marquant pour que plus de 3 millions d’internautes se soient jetés dessus en moins d’une dizaine de jours. Seul humoriste à avoir osé s’attaquer à l’ « ennemi comique numéro 1 », ainsi qu’il l’a qualifié, Nicolas Bedos révélait ce matin au micro d’Europe 1 qu’il était déçu du comportement de certains de ses collègues, qui rechigneraient à dénoncer les propos de celui avec lequel ils partagent, selon eux, une partie de leur public.
« Aller dans l’outrance, est-ce la seule réponse à Dieudonné aujourd’hui ? », s’est ensuite interrogé Thomas Sotto. Oui, selon le chroniqueur, qui se réjouit de ne pas être un « cul cousu, un frileux », mais tempère également l’adresse à Dieudonné en ajoutant que cette chronique avait été écrite à l’intention de « ses fans mais aussi [de] tous les censeurs en puissance », lesquels, selon lui, excitent chez des jeunes à la conscience « violée » par le créateur de la quenelle ce délire de complot nourri par leur idole.
L’« idole », elle, aura finalement répondu à celui qui souhaitait l’emplir de merguez, dans une vidéo postée hier soir sur Youtube, non sans avoir également annoncé qu’il mettrait bientôt sur le marché des DVD du spectacle interdit, « Le Mur », réalisés en Algérie avant d'évoquer Nicolas Bedos, renommé pour l’occasion Michael.
« Michael a essayé de faire un sketch. Y’a des trucs, des moyens mais bon… Quand je l’écoute je me dis que j’espère vraiment que mes enfants ne se lanceront pas dans l’humour. Guy Bedos doit avoir vraiment honte. Je préférerais encore que mon fils crève dans un accident de bagnole bourré en sortant de discothèque, ce serait plus digne, plus facile à assumer », lance-t-il à l’adresse d’un public dont certains menacent déjà de mort Nicolas Bedos, forcé d’habiter chez un ami depuis sa chronique.
De ce talent dont parlait encore Bedos en 2007, il semble définitivement qu’il ne reste plus rien, en témoigne cette saillie dont la finesse met en lumière tout ce que le texte du « fils de » avait, lui, de subtil sous l’apparente vulgarité. « Débattre avec Dieudonné ? Mais je n’attends que ça », a déclaré Bedos sur Europe 1. Pas sûr que Dieudonné, aujourd’hui cantonné à l’« insulte et la simplification intellectuelle », ait finalement les épaules…