Après La Joconde, Les Tournesols. Exposée au Louvre, l'oeuvre de Leonard de Vinci avait subi l'assaut d'un homme en mai dernier, ce dernier ayant évoqué un acte de soutien à la cause environnementale après avoir jeté du gâteau sur le tableau iconique. Son action a peut-être donné des idées aux deux activistes du collectif Just Stop Oil, qui ont versé de la soupe sur le tableau de Vincent Van Gogh, Les Tournesols, ce vendredi 14 octobre, à la National Gallery de Londres.
Après leur jet de liquide rouge, les deux jeunes femmes se sont ensuite littéralement collées les mains au mur à côté du tableau et ont commencé à crier : "Qu'est-ce qui compte le plus, l'art ou la vie ?" à la stupeur générale des visiteurs. "Êtes-vous davantage préoccup·é·e·s par la protection d'une peinture ou par la protection de notre planète ?", ont-elles ajouté.
Tout comme La Joconde, Les Tournesols étaient protégés par une vitre par précaution, ce qui devrait avoir permis au chef-d'oeuvre de rester intact, comme l'a précisé la National Gallery.
Le collectif Just Stop Oil est un groupe militant écologiste britannique qui passe par la désobéissance civile pour faire entendre sa voix. Né en février 2022, ce collectif a organisé un mois de perturbations de terminaux pétroliers en avril. Il est également intervenu pendant les British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) Awards, qui récompensent les acteurs du cinéma outre-Manche, et a fait irruption lors de plusieurs rencontres sportives télévisées.
Just Stop Oil, qui compte de nombreux activistes vingtenaires, souhaite faire pression sur le gouvernement britannique pour qu'il cesse d'utiliser les énergies fossiles, très polluantes.
Dans un tweet qui promeut son action (les activistes ont tout filmé), Just Stop Oil écrit ainsi que "la créativité et le génie humains sont exposés dans cette galerie, mais notre patrimoine est détruit par l'incapacité de notre gouvernement à agir sur le climat et la crise du coût de la vie".
Le groupe ajoute également dans un autre tweet : "Pourquoi protégeons-nous ces peintures alors que nous ne protégeons pas les millions de vies qui seront perdues à cause du climat et de l'effondrement sociétal ?".
Une cause louable, mais cette réflexion capillotractée est loin d'avoir plu à tout le monde, même aux personnes convaincues par la nécessité de lutter contre la crise climatique...
L'action est déjà largement commentée sur Twitter ce vendredi 14 octobre, où les internautes témoignent de leur incompréhension, voire de leur agacement.
Just Stop Oil réussit là encore le pari de faire parler de lui. Mais là où ses actions étaient saluées par certains (perturber des évènements télévisées générant de fortes audiences, pour accroitre sa visibilité et médiatiser son combat), on est en droit de s'interroger sur la pertinence de ce happening-ci.
On peut apprécier l'art et avoir beaucoup de respect pour les oeuvres constituant notre patrimoine, tout en faisant de la préservation de la planète une priorité. Mais dégrader un tableau fait-il réellement avancer la cause écologiste ou risque-t-il de décrédibiliser le mouvement ?
Si les grands de ce monde abîment notre planète, pourquoi les imiterions-nous ? A-t-on besoin d'opposer nature et culture, qui participent toutes deux à nous émerveiller quotidiennement ? Si la question est philosophique, c'est un sophisme basique (la Terre brûle, l'art est sur Terre, donc détruisons-le aussi) qui semble avoir guidé les militantes de Just Stop Oil. Elles ont été arrêtées par la police après leur action.