L'intervention d'Elisabeth Badinter sur France Inter ce mercredi 28 septembre s'est transformée en tollé. Et pour cause, la philosophe a exprimé des convictions hallucinantes sur les violences faites aux femmes, alors que l'affaire Quatennens ou encore PPDA sont au coeur de l'actualité. Une opinion controversée qui s'est concentrée sur la prescription, et la volonté de nombreux collectifs féministes de la supprimer.
"Si on en finissait avec la prescription, cela voudrait dire qu'on assimile les violences sexistes à la loi contre les nazis, qui est le crime contre l'Humanité [imprescriptible], ce n'est pas possible. Il faut être logique : les violences faites aux femmes sont punies, mais enfin est-ce que ce sont des crimes de l'Humanité, il ne faut pas exagérer, c'est même indécent", a-t-elle martelé au micro de Léa Salamé.
Et de poursuivre : "Pourquoi ne pas porter plainte avant la prescription ? (...) Il faut prendre ses responsabilités. Je comprends très bien que ce soit difficile à évoquer pendant un certain temps, mais quand même 10 ans (la prescription pour viol est de 20 ans depuis la loi de 2017, ndlr), ce n'est pas si mal".
Des propos qui ont enflammé les réseaux sociaux.
Pour la journaliste Cécile Delarue, qui a témoigné contre Patrick Poivre d'Arvor pour harcèlement sexuel, il s'agit ni plus ni moins d'un "naufrage d'Elisabeth Badinter ce matin." Elle s'indigne à juste titre : "Qualifier 'd'indécent' le mouvement des femmes qui parlent aujourd'hui des viols qu'elles ont subi hors délai de prescription. 'INDÉCENT' ! Oser la comparaison avec les crimes contre l'humanité ! C'est honteux. Et pour le coup, INDÉCENT".
Elle fustige encore : "Où est la solidarité féministe que vous revendiquez Madame ? Vous regrettez de ne pas voir certaines manifester pour l'Iran et vous jetez l'opprobre sur celles qui, courageusement, racontent enfin l'horreur qu'elles ont vécue. HONTE À VOUS"
Une autre victime de PPDA, Hélène Devynck, a elle aussi fait part de son indignation : "Ce matin, Elisabeth Badinter m'explique que je suis irresponsable et indécente. L'indécence, c'est l'impunité."
Autre point de l'interview très critiqué de l'intervention d'Elisabeth Badinter, sa définition pour le moins fantaisiste (et réactionnaire) de l'intersectionnalité : "Dans le système de l'intersectionnalité, les trois groupes qui constituent cette intersectionnalité, qui sont les gens de couleurs, les néoféministes et les islamistes, il y a une entente. On ne bouge pas. Vous avez peut-être remarqué que les islamistes ne disent jamais un mot contre les militantes LGBT, jamais, etc."
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, a épinglé : "Aux accusations de 'néoféministe', je répondrai qu'il existe aujourd'hui un 'néopatriarcat', qui se pare des atours de l'égalité femmes-hommes pour saper les avancées des femmes et leurs libertés. Autre époque, mêmes combats." Sans aucun doute.