"Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection". Voilà ce qu'avait tweeté Jean-Luc Mélenchon afin de soutenir Adrien Quatennens. Soupçonné de violences conjugales suite à une main courante déposée par son épouse, Céline Quatennens, le numéro 2 de la France insoumise a finalement reconnu les faits le 18 septembre dernier dans un communiqué, évoquant des "disputes" dans un contexte de séparation, admis avoir "saisi le poignet" de son épouse, lui avoir "pris son téléphone portable" et l'avoir giflée.
Le soutien de Jean-Luc Mélenchon, soulignant la "dignité" et le "courage" de son poulain avait pour le moins étonné. D'aucuns avaient regretté l'absence de soutien exprimé à Céline Quatennens ainsi qu'aux femmes victimes, ou encore l'évocation du véritable enjeu, les violences au sein du couple. Un tweet qui a donc beaucoup fait réagir... Et la dernière réaction du leader de la France Insoumise n'a pas vraiment arrangé les choses.
Dans une séquence diffusée ce 22 septembre sur TMC, on peut ainsi voir Jean-Luc Mélenchon s'adresser au journaliste Paul Gasnier de l'émission Quotidien qui lui demandait s'il regrettait son tweet. "Je pèse mes mots tout le temps [...] C'est vous qui regrettez ce que vous êtes en train de dire". Et ce... en tapotant la joue du reporter.
Des propos et un geste qui ne sont pas passés. Et semblent résumer une gestion plus globale de "l'affaire Quatennens" par LFI. Gestion critiquée sur les réseaux sociaux, notamment par les militantes féministes, qui la jugent indécente.
Cette séquence lunaire a particulièrement fait réagir internautes, politiques et... journalistes, bien évidemment. Bien des voix évoquent ainsi un "geste déplacé" - on peut d'ailleurs remarquer la réaction de surprise du journaliste concerné au moment T. D'autres suggèrent même là une forme "d'intimidation" de la part du leader de la France insoumise.
"Le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui dit peser ses mots, pèse-t-il aussi ses gestes ? RSF appelle au respect des journalistes dans l'exercice de leur profession", a rappelé à l'ONG de défense de la liberté de la presse et des droits des journalistes Reporters Sans Frontières sur Twitter.
Une séquence qui a outré de nombreuses militantes féministes. "Rien ne va dans cette vidéo. Mais ce geste à la fin est inadmissible. Tu nous piétines, Jean-Luc Mélenchon. Tu piétines toutes les victimes. Tu leur craches à la gueule. Sortez-le", a ainsi déclaré Madeline Da Silva, cofondatrice de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
En réaction aux révélations de l'affaire Quatennens, un collectif s'est par ailleurs constitué : #RelèveFéministe. Dans une tribune, plus de 500 militantes réclament la démission d'Adrien Quatennens de son mandat de député et fustigent les réactions jugées indécentes des cadres de La France Insoumise.
"On s'est réunies afin de montrer que des femmes refusent qu'il y ait des hommes violents à la tête de nos partis", explique auprès de Franceinfo Marie Coquille-Chambel, l'une de ses membres, "écoeurée de voir la manière dont certains cadres de La France insoumise ont pris la défense d'Adrien Quatennens".
Et parmi ces défenseurs, le député européen LFI Manuel Bompard qui "essaye de faire la part des choses". "Adrien a reconnu les faits, lui-même a dit qu'ils n'étaient pas acceptables. Il a présenté ses excuses [...] Mais une gifle n'est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours", a-t-il déclaré ce vendredi 23 septembre sur le plateau de CNews.
"MAIS C'EST PAS POSSIBLE ! Manuel Bompard sans rire : taisez vous ! Ce que tu racontes avec les camarades insoumis depuis une semaine est insupportable. Ne parle plus des violences. Arrêtez au moins de nous faire souffrir", a fustigé la conseillère de Paris EELV Raphaëlle Rémy-Leleu dans une publication Twitter. Et ce avant d'ajouter : "Trouvez le courage d'en parler avec une féministe et d'encaisser votre manque de connaissance du sujet, votre complaisance politique, la douleur et la colère que vous générez".
Par-delà la gauche, ces mots ont fait réagir. Ainsi la secrétaire d'État chargé de l'Économie sociale et solidaire Marlène Schiappa s'est-elle exprimée : "Vos propos font un tort considérable au combat pour la protection des femmes face aux violences. On va vraiment en revenir à débattre pour savoir si frapper une femme c'est acceptable ?!".
Au sein de LFI cependant, certaines voix remettent au coeur des débats l'enjeu de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. C'est notamment le cas de la députée Danièle Obono, qui l'affirme : "Une gifle est une violence. Ce n'est rendre service à personne, ni aux victimes, ni au mouvement, encore moins aux personnes mises en cause, de les minimiser".
Le soutien envers Adrien Quatennens évoque celui avait déjà pu être apporté au sein du parti au député Eric Coquerel, visé par une plainte pour "harcèlement sexuel" et pointé du doigt pour "son comportement avec les femmes". Une défense que les militantes féministes avaient déjà estimé indigne. L'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique avait notamment dénoncé "un champ lexical de la cabale contre les pauvres hommes".