Soupçonné de violences conjugales suite à une main courante déposée par son épouse, Céline Quatennens, le numéro 2 de la France insoumise et député du Nord Adrien Quatennens a finalement reconnu les faits. Dans un long communiqué publié sur Twitter, il évoque effectivement des "disputes" dans un contexte de séparation, admet avoir "saisi le poignet" de son épouse, mais également lui avoir "pris son téléphone portable" et l'avoir giflée.
Adrien Quatennens a également expliqué avoir envoyé "de trop nombreux messages" à son épouse pour la convaincre de revenir. Enfin, après avoir qualifié la situation de "complexe", le député a annoncé son retrait de ses fonctions de coordinateur de La France Insoumise. Une déclaration qui a engendré quantité de réactions.
Mais c'est notamment le soutien pour le moins déplacé du leader Jean-Luc Mélenchon, exprimé à l'adresse d'Adrien Quatennens, qui a beaucoup fait réagir, notamment au sein des militances féministes.
"La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d'Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection", a tweeté Jean-Luc Mélenchon. Un post qui n'est vraiment pas passé.
Ainsi Caroline De Haas, instigatrice du mouvement féministe #NousToutes, a proposé une version corrigée de ce tweet polémique : "Les violences au sein du couple sont intolérables, quels que soient les conflits qui existent. J'exprime mon soutien à Céline. Je prend acte des excuses et du retrait d'Adrien de ses fonctions au sein du mouvement. Tout mon soutien aux femmes victimes, partout dans le monde", a-t-elle tweeté.
D'autres voix cependant ont réagi avec plus de virulence.
"Il y a les violences physiques et celles qui consistent à prendre le téléphone portable de l'autre. Les violences faites aux femmes prennent de nombreux visages. Aucun n'est acceptable. La justice doit se prononcer et en attendant A. Quatennens doit se mettre en retrait de tout", a par exemple commenté la députée écologiste et féministe Sandrine Rousseau.
De son côté, la députée de La France Insoumise Clémentine Autain a abondé en ce sens : "Notre mouvement est celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mes pensées vont à toutes les femmes qui aspirent à leur liberté".
D'autres paroles politiques se sont exprimées, comme celle d'Aurore Bergé (Renaissance) : "Il y a la violence, inacceptable. Pire, il y a l'indignation à géométrie variable. On condamne sans preuve ses opposants politiques et on préfère pardonner, excuser, protéger les siens. Et à la fin, ce sont les femmes qui trinquent".
Face à ces (très) nombreuses réactions, Jean-Luc Mélenchon s'est finalement fendu d'un second tweet en mode "damage control" : "Céline et Adrien sont tous deux mes amis. Mon affection pour lui ne veut pas dire que je suis indifférent à Céline. Elle ne souhaitait pas être citée. Mais je le dis : une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien l'assume. C'est bien", a-t-il écrit. Des mots qui n'ont guère apaisé les internautes, associations et militantes.
Le parti La France Insoumise, enfin, a relayé un communiqué sur les réseaux sociaux : "Adrien Quatennens a annoncé sa mise en retrait de ses fonctions de coordinateur. La France insoumise réitère son engagement sans failles dans la lutte contre les violences faites aux femmes et rappelle l'existence en son sein d'un comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles toujours disponible pour écouter la parole des femmes".
Quant à l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, il a notamment épinglé le leader de la France Insoumise, dénonçant : "Non, @JLMelenchon, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles n'est pas à géométrie variable (...) Nous dénonçons la façon avec laquelle des hommes politiques, notamment Jean-Luc MELECHON aujourd'hui, s'empressent d'apporter leur soutien à des hommes mis en causes pour violences. Nous attendons des excuses."
Décidément, le chemin pour traiter dignement ces affaires au sein des partis politiques est encore long.