Le 16 juillet dernier, la photographe américaine Jade Beall, basée dans l'Arizona, a décidé de partager une photo d'elle en train d'allaiter son fils de trois ans et demi, Sequoia, sur Facebook. Le but ? Ouvrir le dialogue sur l'allaitement au-delà de l'âge recommandé (soit six mois, voire un an si l'enfant et la mère en ressentent tous deux envie et besoin) et dénoncer les critiques reçues par les femmes qui choisissent de dépasser cette date butoire.
La photo s'accompagne d'un long texte détaillant sa démarche, et notamment l'auto-censure qu'elle s'inflige par peur d'être jugée :
"Je n'allaite plus mon fils en public. J'aurais l'impression de commettre un crime quand tout ce que je fais c'est offrir nourriture et confort à mon fils. Et dans la gêne que je ressens à allaiter mon fils en public, je vois une nouvelle façon de promouvoir et soutenir le féminisme.
J'ai encore du lait, il veut encore ses "nah nahs" comme il les appelle et rien, absolument rien, ne le calme plus que ça. J'ai essayé de le sevrer plusieurs fois mais j'ai fini par abandonner et privilégier ma relation avec mon fils.
Si cela vous dérange, posez moi une question au lieu de m'insulter. Apprenons les uns de sautres. Libérons-nous de la peur de nos différences et emplissons-nous de curiosité et de compassion !
Mon fils mange principalement des aliments normaux, l'allaitement fait office de complément et ça le réconforte énormément. Ma mère m'a allaitée jusqu'à mes cinq ans et j'aurais été fière qu'elle puisse partager son engagement auprès de moi dans les années 80, et suis devenue une femme assez incroyable et une féministe qui adore ses parents."
À cette heure, le post comptabilise près de 10 000 likes et a été partagé plus de 1700 fois - et si beaucoup de commentaires sont positifs et encourageants, d'autres restent relativement sceptiques, voire inquiets concernant l'avenir de Sequoia.
Dans un commentaire, Anichka Vladimirovna assure que ce genre de comportement crée de vraies dépendances chez l'enfant.
"Je lève les yeux au ciel quand je vois des mères et réclamer la reconnaissance des gens alorsq qu'elles commettent un acte qui peut entraîner un retard de croissance. Je suis totalement libérale mais quand on tire de la fierté d'une chose qui peut impacter un enfant de manière négative sur le long terme, c'est qu'on est complètement à côté de la plaque."
D'autres sont beaucoup plus optimistes et avancent même des explications qui semblent totalement recevables :
"Ça ne me dérange pas. J'ai une amie qui tirait son lait pendant des années. Ses enfants le buvaient avec leurs cérales et l'emmenait dans des thermos à l'école. Un jour je lui ai demandé pourquoi, et sa réponse m'a marquée...
On donne du lait de vache, qui est fait pour les veaux, à nos enfants mais on trouve étrange de leur donner du lait qui est fait pour les humains."
Alors que les débats sur l'allaitement en public n'en finissent plus de se multiplier, la question de l'âge vient s'ajouter à une question déjà assez épineuse et les combats se mélangent - entre celles qui réclament le droit de pouvoir allaiter leurs enfants (de moins de six mois) en public et celles qui demandent la même chose pour leurs enfants plus âgés...
Jade n'est d'ailleurs pas la seule à s'insurger contre ces limitations puisqu'en mai dernier, une mère de 52 ans avait déjà partagé des photos d'elle en train d'allaiter sa fille de six ans. Elle avait même affirmé vouloir continuer jusqu'à ses 10 ans, et sa fille s'était également exprimée sur le goût délicieux du lait de sa mère et son amour pour cette activité partagée. Pour elle, l'allaitement prolongé remplace même les vaccins et elle refuse d'administrer une autre forme de protection à sa fille que son lait maternel.
Il y a donc plusieurs degrés dans ce combat pour l'allaitement décomplexé et l'abolition de toute forme de censure et de critique envers les femmes qui choisissent de nourrir leurs enfants au sein, et il n'est pas évident de mettre tout le monde d'accord avec les différentes variantes que proposent certaines mères.