C'est la photo gênante qui fait le (bad) buzz depuis quelques heures. On y voit une femme brune, tout sourire, sa petite fille accrochée à son sein. Sauf que la fillette en question a 6 ans. Malaise. Maha Al Musa, la maman australienne de 52 ans, n'a pas l'air de trouver cette situation inconvenante. Bien au contraire : elle s'affiche fièrement dans les colonnes du magazine Woman's Day en kiosques ce 25 mai, et revendique son choix d'allaiter sa (plus si) petite Aminah.
Cette maman de trois enfants, qui suit un régime paléo très strict, est l'une des stars du show télé diffusé sur Discovery Channel, "Extreme Breastfeeding" (comprendre "Allaitement extrême"- tout un programme). Tête de proue de ces femmes qui prônent le "maternage proximal", Maha n'est d'ailleurs pas peu fière que Facebook ait choisi l'une de ses photos pour annoncer l'assouplissement de sa politique vis-à-vis des "brelfies", ces selfies que les mères qui allaitent postent sur les réseaux sociaux.
S'engouffrant allègrement dans la brèche, Maha poste aujourd'hui régulièrement des photos d'elle en pleine séance d'allaitement sur sa page Facebook et vante à qui veut l'entendre les bienfaits du lait maternel. La maman radicale, qui offre des cours prénataux axés sur la spiritualité et des classes de danse du ventre, a d'ailleurs choisi de ne pas faire vacciner sa fillette. "Je crois que cela aide son système immunitaire. A ce jour, elle a rarement été malade et son tempérament est plus calme et plus relax que celui des autres enfants",
Quand à la petite Aminah, elle n'a pas l'air particulièrement traumatisé de téter encore le sein de sa mère en dépit de ses 6 ans, confiant même avec gourmandise : "Parfois, son lait a le goût de sucre d'orge. Ca a le goût de plein de choses différentes. C'est ce que je préfère faire quand je ne suis pas à l'école. Plus d'enfants devraient le faire parce que c'est bon pour eux." Et loin de restreindre sa petite gloutonne, qui normalement ne prend le sein que le soir avant de se coucher, sa maman Maha avoue être prête à dégainer dès que sa fille en ferait la demande, même dans la cour d'école. Et qu'elle pourrait l'allaiter jusqu'à ses... 10 ans.
Sauf que dans une société où seuls un quart des bébés sont allaités à 6 mois, les photos du duo Maha-Aminah dérangent. Suscitant une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, ces clichés ont été jugés outranciers et le comportement de Maha déplacé. Sur le site du Dailymail, on peut ainsi lire parmi les commentaires : "Est-ce que quelqu'un peut citer un animal qui allaite encore son enfant de 6 ans ? Non, ce n'est pas normal", "Oh wow, ceci ne va tellement pas sur tellement de niveaux ! Cet enfant va finir complètement détraquée et sa mère est sûrement déjà détraquée ! Si elle alaite son enfant de 6 ans devant d'autres enfants de 6 ans, alors c'est de l'exhitionnisme." Ou encore "Pour l'amour de votre fille, il est temps de laisser tomber."
Loin de se laisser destabiliser, Maha avoue ne pas comprendre ces réactions outrées qui sont, selon elle, symptomatiques d'une forme de retour en arrière puritain. Elle se rappelle ainsi des années 80 du temps où elle enseignait dans une école de Melbourne où des mamans turques venaient nourrir leurs enfants dans une salle spécialement conçue à cet usage. "A aucun moment nous n'avons pensé que c'était bizarre ou fou, ou exceptionnel. L'école pourvoyait aux besoins de ces mamans comme un besoin naturel. Il semble que nous ayons regressé alors même que nous avançons dans le 21e siècle. Pour moi, c'est ça qui est bizarre", confie-t-elle au magazine Mamamia .
Si l'allaitement en public reste aujourd'hui un sujet tabou (preuve en est avec le récent scandale du Claridge's à Londres), le choix extrême de l'activiste Maha soulève clairement des questions. Qui plus est lorsque l'enfant est transformé en bête de foire médiatique. A noter que dans un article pour la BBC en mai 2012, le Dr Mary Fewtrell, spécialiste de la nutrition infantile à la University College London expliquait qu'"il n'y avait aucune preuve des bénéfices quant à continuer à allaiter les enfants après leur entrée à l'école."