En matière d’allaitement, les Françaises auraient de gros progrès à faire. Du moins si l’on en croit les conclusions d’une étude pilotée par l’Institut de veille sanitaire (INVS) et publiée ce jour dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), les jeunes mamans du pays occuperaient l’une des dernières places européennes en la matière.
Baptisée Épifane, cette enquête s’est intéressée à l’alimentation de 3 365 nourrissons nés au premier trimestre 2012 et ce, pendant leur première année de vie. Et les résultats sont loin d’être exemplaires. « À trois mois, 39% des enfants étaient encore allaités : 10% de façon exclusive, 11% de façon prédominante et 18% recevaient aussi des préparations pour nourrisson du commerce (lait infantile ou petits pots) », constatent les chercheurs. Un taux d’allaitement très faible comparé aux recommandations du Programme nationale nutrition santé (PNNS). Ce dernier préconise en effet l’allaitement maternel « de façon exclusive jusqu’à six mois et au moins jusqu’à quatre mois pour un bénéfice santé ».
Pourtant, au fur et à mesure de leur croissance, la part de bébés allaités ne cesserait de diminuer. « À six mois, seul un enfant sur quatre était encore allaité et plus de la moitié d’entre eux consommait des préparations pour nourrissons en complément. À un an, seuls 9% des enfants recevaient encore du lait maternel », déplorent ainsi les auteurs de l’étude, qui manquent généralement de donnés sur l’alimentation des bébés.
Finalement, en France, la durée moyenne de l’allaitement exclusif n’excèderait pas les trois semaines et demies ; bien loin des six mois recommandés et loin derrière nos voisins européens. « Les pays disposant de donnés font état de taux d’allaitement maternel entre trois et douze mois supérieurs à ceux observés dans Épifane », confirment d’ailleurs les chercheurs. Ainsi, au Royaume-Uni, 43% des enfants de trois à quatre mois sont allaités. Un taux qui grimpe à 66% en Italie.