Elles voulaient une association qui leur ressemble, complémentaire de celles existantes, où chacun puisse mettre en commun son énergie, ses compétences, pour combattre ce terrible fléau que sont les violences faites aux femmes. Julie Vella a toujours travaillé dans le social, Sonia Pino est psychologue, toutes deux ont eu envie de s’investir à 100 % dans ce beau projet féminin. Leur constat est sans appel : « les droits des femmes régressent, on perd progressivement ce que l’on a acquis », s’indignent-elles. Mais aussi optimiste, car « il y a de nouvelles choses à créer dans la protection des victimes », elles en sont persuadées. Pour créer Elle’s IMAGINE’nt, les jeunes femmes ont réfléchi une bonne année. Pas question de se lancer à l’aveuglette, elles ont noué des partenariats avec de nombreuses structures (juridiques, sociales, associatives) qui aident les femmes et se sont mis d’accord sur le message qu’elles voulaient porter : « nous privilégions une approche féministe dans la lutte pour l’égalité et le respect entre les femmes et les hommes et nous ne diabolisons pas les hommes, au contraire nous sommes convaincues que la mixité est fondamentale dans ce combat », explique Julie Vella, co-présidente de l’association.
L’association a mis en place un accueil pour les femmes qui subissent des violences. Comment les victimes viennent-elles ? Par le commissariat, les assistantes sociales, les avocats ou le Point d’accès au droit et elles découvrent aussi son existence grâce aux plaquettes déposées à la Maison des associations. Dans la permanence du 15ème arrondissement, les bénévoles reçoivent les femmes individuellement, les écoutent attentivement. « On leur explique le fonctionnement de la structure, la prise en charge globale qui est psychologique mais aussi juridique », indique Julie Vella. Ensuite, la femme peut choisir d’être accompagnée dans ses démarches ou d’assister à des groupes de parole. Mais les deux vont souvent de pair. Nicole S. est accompagnante, plusieurs fois par semaine elle se rend avec une femme, au tribunal, chez son avocat ou tout simplement à la Caisse d’allocations familiales : « elles sont dévastées, extrêmement vulnérables mais toutes ont envie de s’en sortir », confie-t-elle, sans cacher ses émotions. L’accompagnant est un soutien indispensable car les victimes qui trouvent refuge à l’association sont très fragiles psychologiquement. Il ne s’agit pas de les assister mais plutôt de les aider à gravir une première marche vers l’autonomie.
Les groupes de parole sont une solution pour les aider à se reconstruire. Elles y partagent leur expérience, expriment leurs émotions, sous l’œil attentif de deux psychologues. « Avec les femmes victimes de violences, ce format est très adapté, souligne Sonia Pino. On travaille sur l’effet miroir, beaucoup ont vécu des choses similaires, elles reconnaissent leur propre expérience dans le témoignage des autres ». La richesse du groupe provient aussi du fait que les femmes progressent à leur rythme. Les étapes sont importantes, « les nouvelles entrantes se disent qu’elles vont pouvoir s’en sortir, arriver au stade des autres, et que donc rien n’est perdu », poursuit la psychologue. Les femmes les plus avancées portent le groupe et les nouvelles peuvent s’identifier à elles. Ici personne ne se juge, chacune témoigne, dans l’anonymat le plus complet, seule la ponctualité est de mise. Mais les horaires des réunions sont judicieusement étudiés pour convenir à toutes les femmes. Tout cela en définitive, crée du lien social, ce dont les victimes de violences manquent cruellement. Dépressives, épuisées, elles vivent souvent dans l’isolement : taper à la porte de l’association, c’est déjà faire preuve d’un courage extraordinaire. En sortir, à la fin de la prise en charge, c’est une victoire pour les victimes, et pour les fondatrices de l’association qui à leur échelle et sans prétention, font avancer ce combat universel.
Aujourd’hui l’association a aidé une trentaine de femmes, cette prise en charge demande du temps, de l’investissement. Et même si les deux jeunes femmes, qui travaillent par ailleurs, y consacrent tout leur temps libre, elles manquent de bénévoles et notamment d’accompagnantes. Elles espèrent aussi bientôt pouvoir avoir leurs propres locaux car actuellement celui dont elles disposent à la Maison des associations est prêté. Pour cela et pour tous les autres projets d’Elle’s IMAGINE’nt, des fonds sont nécessaires.
Pour soutenir leur combat,
Devenez adhérent : 30 euros par an, ou donateur : à partir de 50 euros
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Le site de l’association Elle’s IMAGINE’nt
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