On parle encore peu de l'endométriose, et pourtant, cette maladie gynécologique chronique est loin d'être anodine. Elle touche environ 10 à 20% des femmes, soit 2 à 4 millions en France, et 180 millions dans le monde. Mais si une à deux femmes sur 10 souffrent d'endométriose, la maladie est encore et toujours entourée d'un gros tabou. Souffrir pendant les règles ? Naturel vous dira la société. Sauf que non. Être sujette à des douleurs intenses pendant les rapports sexuels, l'émission de selles et la miction, être fatiguée au point de ne plus pouvoir se lever de son lit, ne sont pas des états "normaux". L'endométriose est corrélée au risque d'infertilité, elle s'attaque à certains organes, et il faut environ 7 ans en moyenne avant qu'elle ne soit diagnostiquée. Mais parce qu'elle touche aux règles, à la sexualité et au féminin, cette maladie est passée sous silence... et donc pas prise au sérieux.
Pour sensibiliser les jeunes femmes et le corps médical, l'association Info Endométriose a mis en place diverses actions, de la campagne nationale d'information sur l'endométriose à des journées de prévention en milieu scolaire. Mais pour étendre son champ d'action, l'association vient d'avoir une idée en or : dédramatiser le sujet, en parler avec humour même. Elle a donc contacté Maud Bettina-Marie et Juliette Tresanini, deux comédiennes rencontrées sur le tournage de la série Bref et qui cartonnent sur YouTube depuis bientôt un an avec leur émission Parlons peu, parlons cul ! Avec leurs 263 000 abonnés et leurs 17 millions de vues, les humoristes touchent un large public. Surtout, en plus d'être très drôles, elles ont un discours décalé et bienveillant. Masturbation féminine, sextoys, première fois, simulation...Maud et Juliette dédramatisent tout ce qui touche au sexe et aux questions de l'intimité, et misent autant sur l'humour que la pédagogie.
Pour aborder un sujet aussi sensible que l'endométriose, elles se sont entourées de la chanteuse Imany et de la gynécologue Chrysoula Zacharopoulou, deux ambassadrices de la lutte contre la maladie. Natoo, la youtubeuse aux 2,5 millions d'abonnés joue aussi les guests... et incarne l'endométriose en chair et en os. L'idée ? "Lui faire dire des choses que les filles entendent au quotidien dans la bouche des gens mal informés (ou juste un peu cons...)", expliquent les comédiennes sur Le Plus de L'Obs.
Postée le 15 juin dernier, la vidéo est dans la lignée de Parlons peu, parlons cul ! Informative et très drôle, elle cumule déjà près de 420 000 vues et fait beaucoup parler d'elle sur les réseaux sociaux. "Si notre chaîne peut permettre aux jeunes femmes de connaître le nom 'endométriose', de se demander si leurs douleurs intenses sont vraiment normales, d'aller consulter un spécialiste mais aussi d'éviter de juger les filles pliées en quatre alors que 'bon, ça va, t'as tes règles, quoi !', alors nous serions heureuses...", ont-elles confié au Plus. Pari gagné.