Ni prête à renoncer à ses ambitions, ni à sacrifier sa vie familiale pour sa carrière, la génération Y donne un nouveau sens à la notion d'équilibre vie pro-vie perso. C'est ce que met en lumière une récente étude réalisée par la Harvard Business School et repérée par le New York Times.
Selon l'enquête réalisée par l'illustre école de management, les femmes récemment entrées sur le marché du travail et âgées de 18 à 30 ans ne définissent plus le succès de leur carrière de la même manière que leurs aînées. 37% d'entre elles affirment ainsi avoir prévu dès la fin de leur études de mettre un temps leur vie professionnelle entre parenthèses pour s'occuper de leurs enfants. Seules 28% des femmes de la génération X (âgées de 31 à 47 ans) et 17% des femmes de la génération des baby-boomers (48 à 66 ans) ont répondu la même chose.
Les données relevées par la Harvard Business School montrent aussi que les femmes de la génération Y se montrent moins optimistes que leurs aînées quant à la possibilité de "tout avoir", comme le dit Sheryl Sandberg dans son livre En avant toutes (JC Lattès). "Avec les baby-boomers, il y avait véritablement l'idée qu'il était possible d'avoir des partenariats (avec les hommes) très égalitaires et de mener à la fois une carrière satisfaisante. Cette idée a diminué avec la génération X et plus encore avec la génération Y", a déclaré Colleen Ammerman, qui travaille au département de l'égalité de Harvard.
Moins certaines de leur capacité à mener de front vie professionnelle et vie personnelle et d'avoir une carrière égale à celle de leur conjoint, les jeunes femmes de la génération Y sont aussi plus conscientes des inégalités auxquelles elles vont devoir faire face au cours de leur carrière. Également citée par le New York Times, une étude du Pew Research Center révèle que 58% des mères âgées de 18 à 31 ans et qui travaillent sont persuadées que le fait d'avoir des enfants entrave leur carrière professionnelle, contre 38% des femmes de la génération précédente.
Surtout, l'étude réalisée par la Harvard Business School montre un glissement des mentalités. Alors que les femmes qui entraient sur le marché du travail dans les années 70, 80 ou 90 avaient pour ambition de construire leur vie de famille tout en continuant de gravir les échelons hiérarchiques, les jeunes femmes d'aujourd'hui définissent différemment le succès et envisagent donc d'avoir une carrière moins linéaire que leurs aînées.
"Vous pourriez les appeler 'génération de la planification', explique la journaliste du New York Times Claire Cain Miller. Leur approche est moins 'tout ou rien' – gravir les échelons hiérarchiques ou rester à la maison avec les enfants – et plus diversifiée."
"Elles [les jeunes femmes de la génération Y, ndlr] anticipent d'une certaine manière qu'elles vont devoir tempérer leur ambition pour pouvoir gérer à la fois leur carrière et leur vie privée", estime pour sa part Caroline Ghosn, PDG du réseau professionnel Levo. Cette réalité est quelque chose avec laquelle les gens sont aujourd'hui beaucoup plus transparents et qu'ils acceptent bien mieux."
D'ailleurs, conclut Claire Cain Miller, ce changement de mentalités pourrait bien profiter aussi aux hommes, qui désirent eux aussi de plus en plus marquer une pause dans leur carrière pour s'occuper de leurs enfants. Selon l'étude de la Harvard Business School, 13% des hommes de moins de 31 ans envisageraient d'interrompre un temps leur carrière pour privilégier leur vie de famille. Seuls 4% des hommes de la génération X et 3% des baby-boomers seraient prêts à faire la même chose.