Les Femen sont actives dans de nombreux pays d’Europe désormais et au-delà, mais le cœur de leur action se situe en Europe de l’Est et en Russie. Pour protester contre l’emprisonnement des Pussy Riot, les « sextrémistes » ont débarqué en Allemagne à la foire de Hanovre où Vladimir Poutine était en visite officielle auprès d’Angela Merkel. Les quatre activistes sont arrivées en criant « Fuck Dictator ! », reprenant ainsi le slogan inscrit au marqueur sur leur poitrine dénudée et dont elles ont pris l’habitude de faire un étendard. La délégation n’a pas été longtemps dérangée, les quatre jeunes femmes se sont rapidement faites rhabiller et évacuer par le service de sécurité.
Le happening des Femen n’a pas été apprécié par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui dénonce « un acte de vandalisme qui, malheureusement se banalise dans le monde entier, dans toutes les grandes villes », et appelle à les punir. Néanmoins le président russe n’a pas montré autant de sévérité à l’égard des jeunes femmes, confiant sans détour qu’il n’avait pas eu le temps de les entendre ni de voir leur visage, mais qu’il avait tout de même apprécié le spectacle… « Pour ce qui est de cette performance, j’ai aimé », a-t-il déclaré lors d’un point presse un peu plus tard. « Je n’ai pas entendu ce qu’elles avaient crié, je n’ai pas vu si elles étaient blondes ou brunes », a-t-il ajouté, alors que les témoins sur place avaient vu son regard s’illuminer en voyant les jeunes femmes s’exhiber. Sans commenter l’insulte de dictateur qui lui était adressée, ni revenir sur l’affaire des Pussy Riot, le président a finalement clos le chapitre en appelant gentiment à la modération : « le mieux est de ne pas déranger l’ordre, et si quelqu’un veut mener une discussion politique, il devrait le faire tout habillé, nous ne sommes pas sur une plage nudiste. »
Les Femen venaient manifester pour protester contre le sort fait au groupe de rock punk Pussy Riot. Ses membres ont été condamnées en août dernier à deux années de camp pour avoir chanté une prière ironique anti-Poutine dans une cathédrale de Moscou. L’une d’entre elles, Ekaterina Samousevitch, a été libérée en octobre, mais Nadeja Tolokonnikova et Maria Alekhina se sont vues refuser un deuxième recours devant le tribunal de Moscou le 20 mars dernier. L’affaire devrait être portée par l’avocate des jeunes femmes devant la Cour Suprême russe.