Que ce soit dans la rue, à la salle de sport ou au travail, elles sont faciles à reconnaître. Vêtues d'une robe chinée sur l'habibliothèque et chaussées de Stan Smith, elles rêvent de créer une start-up innovante, dépassent les 1 000 followers sur Twitter et se déplacent en vélo pour aller à leur cours de yoga, au marché ou au bureau. Leur nom ? Les muppies. Derrière cette appellation un peu ridicule (et un brin réductrice) se cachent en réalité les business women de demain. Nées après la crise qui a ébranlé l'économie mondiale en 2008, les muppies (contraction de " Millenials " et de " Yuppies ") dynamitent les codes du business traditionnel. La muppie " a entre 22 et 35 ans, a fait des études supérieures, se félicite d'avoir une vie sociale épanouie, passe chaque jour une heure sur les réseaux sociaux, une demi-heure sur les e-shops, quarante minutes à penser au menu de son déjeuner et quarante autres à envisager de changer de job ", décrypte pour le Huffington Post l'ex-consultante dans la finance et créatrice de la websérie The Underwriting Michelle Millner.
Contrairement aux working girls des années 80, qui rêvaient de faire carrière (et fortune) sans se départir de leurs stilettos, les muppies ne sont ni matérialistes, ni en quête de pouvoir. Préférant privilégier leur bien-être au travail que la course aux primes et aux bonus, elles ont retenu la leçon qui a parfois fait défaut à leurs aînées : l'argent ne fait pas le bonheur, en particulier lorsqu'il peut à tout moment s'envoler en un claquement de doigts. " Six ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, Gordon Gekko (le golden boy sans scrupules incarné par Michael Douglas dans Wall Street, ndlr) fait nettement moins rêver. La nouvelle génération a compris que la réussite par l'argent n'est pas une fin en soi ", analyse Michelle Milner.
Pour autant, les muppies sont loin d'être de douces idéalistes : elles ont simplement su s'adapter aux innovations de ces dernières années et ont de fait revu leurs priorités professionnelles. Hyper-connectées et ouvertes sur le monde, elles passent autant de temps à soigner leur influence numérique qu'à élaborer le business plan de leur start-up écoresponsable qui finira tôt ou tard par changer la face du monde. Quant à leur terrain de chasse pour networker, il tient davantage du festival über-branché SXSW que du forum économique de Davos.
Quand la yuppie des 80's rêvait d'un penthouse au coeur de Manhattan ou d'un appartement haussmannien dans le très chic XVIe arrondissement de Paris, partait en vacances à Saint-Tropez ou à Courchevel, achetait des pièces de couturiers et dînait dans des trois étoiles au Guide Michelin, la muppie, elle, voit plus petit. Et aussi plus healthy.
Fervente adepte du DIY (" do it yourself "), la muppie décore son studio du Xe arrondissement de meubles vintage trouvés aux puces pour moins de cent euros, va au yoga ou à la gym suédoise une fois par semaine, part en week-end à Lisbonne ou à Berlin grâce à Airbnb et se prépare chaque jour une salade au quinoa dans un Mason Jar pour aller au bureau.
Moins superficielle et plus responsable que la working girl des années 80, la muppie est finalement plus que toutes ces caractéristiques qu'on veut lui prêter. Convaincue des bienfaits d'une économie collaborative et respectueuse de la planète, elle pourrait bien être celle qui changera notre manière de faire du business. Au point de sauver la planète ? " C'est tout à fait possible, conclut Nathalie Rozborski, du bureau de style Nelly Rodi pour le Madame Figaro. Elle appartient à une génération qui a le courage de casser les codes pour réinventer un monde qui lui ressemble. "
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