Un rapport de l'ONG Greenpeace sorti le 20 novembre et intitulé « Les dessous toxiques de la mode » affirme qu’une vingtaine de marques de prêt-à-porter très répandues commercialiseraient des vêtements contenant des substances chimiques dangereuses lorsqu'elles sont rejetées dans l’environnement sans traitement préalable.
Greenpeace affirme qu’une grande partie des échantillons analysées, 63% des 141 vêtements analysés pour le rapport, contenait des éthoxylates de nonylphénol, qui sont très toxiques et peuvent perturber le système hormonal humain, provoquer des malformations fœtales ou accroître le risque de cancers. Quelques pièces contenaient également des phtalates ou étaient fabriquées à partir de teintures contenant des amines cancérigènes. Les risques principaux de ces composés chimiques apparaissent une fois les vêtements lavés ou quand ils sont en fin de vie. Ils polluent donc l’eau qui entre en contact avec les tissus et se répandent alors dans les nappes phréatiques et par extension dans les denrées alimentaires.
Jérôme Frignet, chargé de campagne pour Greenpeace fait une synthèse du rapport : « Les résultats des tests donnent à l’expression fashion victim un sens particulièrement inquiétant. Ces grandes marques contribuent à la pollution des eaux partout dans le monde et menacent à terme notre santé. Il est grand temps que ces marques entament une cure de désintox en s’engageant à cesser d’utiliser ces produits toxiques. Les gens doivent pouvoir s’habiller sans être les complices involontaires de cette contamination. »
Si Calvin Klein, Levi's ou Li Ning sont ciblés par Greenpeace, Zara, leader sur le marché du prêt-à-porter, est en première ligne. Jérôme Frignet estime donc que le géant de l’habillement « doit donner l’exemple en excluant les produits chimiques dangereux de sa chaîne de fabrication et de ses vêtements ». Li Yifang, également membre de Greenpeace ajoute qu'« à elle seule Zara produit 850 millions d'articles de vêtements par an. On peut imaginer l'ampleur de l'empreinte toxique qu'elle laisse sur la planète, en particulier dans des pays en développement comme la Chine où beaucoup de ces produits sont confectionnés. »
Pour manifester leur mécontentement, 800 activistes se sont rassemblés samedi 24 novembre devant les enseignes de la marque espagnole de 19 villes françaises, scandant « Zara toxique », cachés derrière des masques de chantier. Leur mobilisation a poussé le fabricant à se déclarer prêt à cesser tout rejet de matière chimique jugée dangereuse et de se tourner vers une conception plus écologique. Mais Greenpeace veut un « engagement crédible et ambitieux pour cesser d'utiliser ces substances », à l’instar de sept autres grandes marques que sont Puma, Nike ou encore H&M, principal concurrent de Zara.
Un résumé du rapport de Greenpeace en français
Le rapport intégral en anglais
Crédit photo : AFP
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