"Mains de cochon", c'est ainsi que les Chinoises appellent les hommes qui les harcèlent sexuellement dans les transports en commun, en toute impunité. Le 28 mars dernier, une vidéo d'un passager se faisant réprimander par une femme, accompagnée d'une policière en civil, qui l'accuse de lui avoir fait subir des attouchements est devenue virale. Plus de 90 000 vues sur les réseaux sociaux, comme le rapporte France 24. Un cas parmi de nombreux autres qui traduit le ras-le-bol des victimes, mais surtout l'envie de ne plus se taire.
C'est donc via le hashtag #咸猪手, #MainsDeCochon, que les victimes témoignent et mettent à jour leurs agresseurs, souvent sous le regard des forces de l'ordre qui restent immobiles. En Chine, le harcèlement sexuel n'est pas puni par la loi.
Dans cette autre vidéo datant du 20 janvier 2019, une femme poursuit son agresseur avec son téléphone, au milieu d'une police qui n'interagit pas.
"Je continue d'exposer le #HarcèlementSexuelDansLeMetro (...). Ce co***rd a attendu que je rentre dans l'ascenseur du métro et que je regarde mon téléphone pour venir soudainement poser ses mains autour de ma taille", explique-t-elle. "J'ai crié sous l'effet de la surprise, il m'a relâchée comme si de rien était, et est parti. Quand je l'ai interpellé, il est resté près de moi afin de faire croire aux autres passagers que l'on se connaissait."
Sur Weibo encore, l'équivalent du Twitter chinois, on trouve de nombreuses histoires et photos récentes qui dénoncent ces comportements.
D'après Li Ting Ting, activiste féministe chinoise, le mouvement #MeToo a pris de l'ampleur en 2018, après que la dénonciation de nombreux professeurs d'université, de personnalités ou de chefs d'entreprises, d'abord censurée par les autorités, aient fini par être révélée au grand jour - enclenchant par la même occasion une vague de témoignages de la part des Chinoises à travers tout le pays.
Militante renommée, elle a été arrêtée 37 jours en 2015 en compagnie de 4 autres activistes alors qu'elles s'apprêtaient à marcher contre le harcèlement sexuel, à la veille de la Journée Internationale des droits des femmes, selon RFI.
"Malgré la censure, la campagne #MeToo fonctionne en Chine, car la cause féminine touche une grande partie de la population", confie-t-elle à France 24. "Même si ce que nous écrivons est rapidement supprimé par cette censure, nos idées autour de la violence genrée ont le temps de se propager".
Un effet boule de neige qui se concrétise en actions dans plusieurs communes. A Schenzen par exemple, dans la province du XX, une patrouille de police est entièrement dédiée à surveiller et à arrêter les délinquants sexuels. En août 2018, la Shenzhen Public Safety Office a même déclaré sur son compte WeChat : "Continuez de porter vos mini-jupes ! Les pervers, nous vous attraperons !"