Depuis le viol barbare de la jeune Jyoti Singh, 23 ans, en 2012, l'Inde tente par tous les moyens d'enrayer le nombre de d'agressions sexuelles sur son territoire. Un projet bien difficile à réaliser, dans une société où la femme est bien souvent considérée comme inférieure à l'homme. Pour endiguer le phénomène à New Delhi, surnommée la "capitale du viol" (2.069 agressions sexuelles en 2014), la police locale a imaginé une solution radicale : mettre sur pied un commando d'élite composé uniquement de femmes pour combattre les prédateurs sexuels.
Pour mener à bien ce projet d'envergure, ils ont fait appel à une professionnelle des arts martiaux, la karatéka Bharti Wadhwa. Pendant près d'un an, cette spécialiste des combats rapprochés a eu pour mission d'entraîner intensivement cette unité féminine. Très impliquée, elle a justifié sa démarche à l'AFP : " Je me sens investie d'une très grande responsabilité quand j'entraîne ces policières. Je suis comme un guerrier en mission. Et ma mission est de faire d'elles les nouvelles Charlie's Angels".
Habillées en civils pour éviter de se faire repérer par de potentiels agresseurs, ces quarante agents veillent désormais à la sécurité des femmes là où elles risquent le plus d'être prises à parti. Transport en commun, quartier chauds, centre commerciaux bondés, les lieux sujets à cette surveillance intensive sont malheureusement trop nombreux pour que l'unité puisse être aussi efficace qu'elle le voudrait. Sans compter que la proportion de viols ne cesse d'augmenter à New Delhi, 16 millions d'habitants : les agressions ont augmenté de 30% en 2014.
Dépassé par l'ampleur de la catastrophe et inquiet pour l'image du pays à l'étranger, le gouvernement semble encore indécis sur la stratégie à adopter. Et l'actualité récente est loin de prouver l'efficacité des démarches engagées par ses responsables. Non content d'avoir censuré un reportage édifiant sur les violeurs indiens pour éviter tout débordement, l'état a dû faire face à de nouveaux faits divers particulièrement sordides. En mars 2015, une religieuse catholique de 75 ans a par exemple été violée à son domicile par 12 cambrioleurs. Peu de temps après, une femme a été agressée par le chauffeur Uber qui la raccompagnait à son domicile.
Un véritable fléau qui gangrène le pays où une femme est sexuellement agressée toutes les 2 heures selon l'ONG AIDWA. Une estimation moyenne loin de refléter la totalité des viols commis, quand la parole est aussi difficile à libérer. Pour sortir de cette réalité monstrueuse, c'est une refonte complète de la société indienne qu'il faudrait initier. Dans un pays où l'avortement sélectif bat son plein, il manquerait aujourd'hui près de 43 millions de femmes selon un rapport des Nations Unies.