Depuis le viol barbare infligé à la défunte Jyoti Singh, l'Inde essaye par tous les moyens d'endiguer ce phénomène de société dramatique pour l'image du pays. Après le commando très spécial mis en place à New Dehli, la ville voisine de Gurgaon dans l'état de l'Haryana souhaite également mettre les femmes en avant pour tenter de faire baisser le nombre astronomique de crimes commis envers les femmes. Il faut dire que les derniers chiffres avancés par les autorités sont plus qu'alarmants.
Selon le National Crime Records Bureau, la région aurait dénombré 8,974 crimes commis contre les femmes l'année dernière, dont 1,174 viols et 230 viols en réunion. Des chiffres à prendre avec des pincettes, puisqu'il s'agit uniquement des cas officiellement répertoriés et qui n'incluent donc pas les milliers de femmes murées dans leur silence par peur de représailles.
Parce que les femmes violées ont souvent été ignorées voire accablées par les policiers masculins, une brigade 100% féminine pourrait bien pousser les victimes à porter plaintes de façon plus systématique. Pour qu'elles se sentent entendues et en confiance, les responsables politiques ont mis à leur disposition un immeuble de deux étages dans le secteur 51 de la ville de Gurgaon. Une première tentative, puisque la police locale promet que 21 autres antennes similaires seront déployées dans d'autres districts très prochainement. Chacune d'entre elle sera dotée d'un minimum de 38 femmes policières, qui auront tout pouvoir de décision sur la manière de gérer les opérations. Pour des cas plus particuliers comme des interventions armées ou violentes, elles bénéficieront d'une équipe de 8 à 10 hommes qui resteront bien évidement sous leur stricte autorité.
Une mesure qui fait du bien, quand on sait que les femmes ne représentent aujourd'hui que 6,11% des effectifs policiers sur l'ensemble du territoire indien. Sans compter que la ville de Gurgaon a récemment été montrée du doigt pour son incompétence à rendre justice dans un énième cas de viol en réunion sur une mère de famille en mai dernier.
Violée et filmée par quatre hommes qui l'ont préalablement droguée à son insu, cette jeune femme de 30 ans a fini par adresser une lettre de supplication terrifiante à l'ancienne vice-présidente du comité pour les femmes d'Haryana, Suman Dahiya (mise à la porte sans explication depuis cette histoire). Elle y décrit le harcèlement brutal des policiers masculins à son encontre, qui l'auraient apparemment poussée à abandonner les charges pour trouver un terrain d'entente avec ses agresseurs.
Traumatisée par la manière dont les autorités de Gurgaon ont osé la traiter, elle demande alors le droit à être euthanasiée. Un appel à l'aide terrible, qui met très mal à l'aise le chef de la police locale Navdeep Singh Virk. S'il est aujourd'hui l'un des initiateurs de ce projet de police 100% féminine, il a tout de même déclaré le mois dernier dans l'Indian Times que : "cette demande avait été faite pour mettre la pression sur la police".
Une phrase ambiguë, qui confirme le besoin nécessaire de personnel féminin au sein de la police indienne.