






Colère !
Ca, c'est le nom du tout premier restaurant d'un jeune chef prodigue, 30 ans à peine : Eloi Spinnler. Vous le connaissez certainement pour ses vidéos YouTube divertissantes, où aidé de son expertise culinaire (plus de 15 ans de métier !), le gastronome réécrit aliments et plats détestés par des guests de luxe (comme Clara Morgane) afin de rendre le tout délicat et délicieux à leur bouche.
Mais Colère, c'est surtout ce dont témoigne le principal concerné aujourd'hui. Le toqué du 9e arrondissement de Paris s'est confié à franceinfo à propos de tout ce à quoi il a pu assister plus d'une décennie durant dans le milieu de la restauration.
A savoir ? Bizutage systématique, violences physiques, harcèlement... Une véritable culture de la violence qui touche aussi bien les hommes que les femmes, et que le gourmet dénonce avec fracas. Il faut l'écouter.
Le cuistot aux 250 000 abonnés sur Instagram brise le silence.
"J'ai été victime de harcèlement sur ma première année d'apprentissage", raconte-t-il avec gravité. "J'étais très jeune, 13 ans. J'en garde beaucoup de colère. Ça n'a rien à faire sur un poste de travail, un adulte de 22 ans n'a absolument pas à faire ça à un enfant de 13 ans"
A cet âge-là, il subit, par-delà les moqueries, les insultes, les tentatives de le décrédibiliser, et les coups de pression, le "jeu" imposé de l'olive : autrement dit, une forme de violence sexuelle. Qui vire volontiers au harcèlement pur et dur. Un "bizutage".
"Il y aune normalisation de la violence", affirme Eloi.
Comment ? C'est simple. Tout l'environnement de la cuisine devient hostile. Chaque geste et instrument peut être employé pour imposer sa domination, son autorité, rabaisser, déployer des rapports de hiérarchie qui ne s'expriment qu'à travers l'agression.
"Ça passe par des cuillères chauffées à blanc, des portes de frigo fermées sur le bras d'un autre apprenti. Ça passe par une droite, un tirage d'oreille, des rabaissements, des phrases comme 'Tu n'es qu'un bon à rien, tu n'arriveras jamais à rien !', des insultes..."
C'est de cela dont il est question en vérité. La cuisine est le reflet de la société patriarcale. La domination se subit, et elle se transmet. Le jeune chef peut largement en témoigner, il l'a vécu : "Dans mon premier poste de chef je travaillais trop, je ne me sentais pas forcément toujours soutenu. Un jour, j'ai menacé un de mes gars. Mettre un tir à quelqu'un et le voir partir en cuisine la larme à l'œil, moi, ça m'a flingué"