Le docteur Jean-Louis Muller a gagné son procès contre Arte. Le médecin, acquitté définitivement en octobre dernier du meurtre de sa femme en 1999 après deux condamnations à vingt ans de prison, a réussi à faire interdire la diffusion sur la chaîne culturelle d'Intime conviction, un téléfilm judiciaire largement inspiré de son histoire personnelle.
La fiction signée Rémy Burkel, avec Philippe Torreton et Camille Japy dans les rôles principaux, a été diffusée pour la première fois le 14 février sur Arte et a été suivie par 1,4 million de téléspectateurs. La diffusion d'Intime conviction a ensuite été prolongée sur le site Internet d'Arte par un procès virtuel qui permet aux internautes de prendre la place des jurés. Le verdict, censé être rendu le 2 mars, ne tombera finalement jamais.
Une juge des référés a en effet demandé l'arrêt immédiat de la diffusion du téléfilm sur tous les supports et condamné la chaîne, ainsi que Maha Productions à verser respectivement 10 000 euros et 30 000 euros de dommages et intérêts à titre de provision sur les 100 000 euros réclamés pour réparation du préjudice par Jean-Louis Muller.
Ce dernier avait fait un recours en justice pour « atteinte à la vie privée », arguant que le téléfilm était non seulement très proche de son histoire personnelle, mais prenait aussi « le risque de remettre en cause, ne fut-ce que dans une partie de l'opinion publique » son innocence « judiciairement consacrée ». Refusant de voir « salir l'image » de leur client, les avocats du docteur Muller réclamaient la cessation immédiate de la diffusion du procès interactif en cours sur tous supports et sous astreinte de 50 000 euros.
Si l'un des avocats du docteur Jean-Louis Muller Me Eric Dupond-Moretti, s'est félicité du verdict, Maha Productions a dénoncé un « acte de censure » par la voix de son avocat et annoncé son intention de faire appel. Arte quant à elle, a déclaré dans un communiqué « prendre acte de l'ordonnance de référé prise par le tribunal de grande instance de Paris », qu'elle « regrettait de mettre fin de manière anticipée à cette expérience inédite de découverte du fonctionnement de la justice ». Contactée par Le Monde, la direction d'Arte « réfléchit actuellement aux suites éventuelles qu'elle pourrait donner à ce jugement ».