L'Iran serait-il en train de vivre une révolution féminine ? Depuis la fin du mandat de Mahmoud Ahmadinejad et l'élection, le 14 juin dernier, du modéré Hassan Rohani, des femmes font peu à peu leur apparition au sein des institutions et des cabinets gouvernementaux. La dernière en date ? La diplomate Marzieh Afkham qui vient d'être nommée porte-parole du ministère des Affaires étrangères ce jeudi 29 août. C'est la première fois dans l'histoire du pays qu'une femme occupe ce poste.
Diplomate de carrière, Marzieh Afkham a travaillé près de trente ans au sein du ministère. Parlant couramment français et anglais, elle occupait, depuis 2010, le poste de directrice du Département des médias et de la diplomatie publique.
C'est donc son sens aigu des relations diplomatiques et sa connaissance des affaires internationales qui ont motivé sa nomination, et non son sexe. Une décision qui n'a pas plu aux députés ultraconservateurs iraniens, qui n'ont pas caché leur mécontentement de voir une femme occuper un poste aussi décisif sur la scène internationale. L'hojatoleslam Morteza Hosseini a ainsi déclaré au journal 7Sobh que les religieux « pourraient s'opposer » à la décision du gouvernement. Il a aussi fait savoir que son groupe parlementaire avait adressé « une mise en garde » au ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
L'actuel porte-parole du ministère, qui devrait prochainement céder sa place à Marzieh Afkham, a pris la défense de cette dernière, soulignant que cette dernière avant « l'expérience de la diplomatie des médias ». « Ceux qui ont des critiques à faire comprendront que sa compétence a été le seul facteur dans sa nomination », a-t-il ajouté.
Depuis sa prise de fonctions, le 3 août dernier, le nouveau président Hassan Rohani a clairement signifié sa volonté d'introduire des femmes à des postes-clés des administrations et des institutions. Il s'est d'ailleurs félicité de la nomination de Marzieh Afkham, indiquant que celle-ci faisait partie d'une « campagne d'émancipation et d'élévation des femmes en Iran » et que « la discrimination ne serait pas tolérée » dans son gouvernement.
Une autre femme, dont le nom n'a pas été communiqué, devrait prochainement être nommée ambassadrice. Elle sera la première femme à occuper cette fonction depuis la révolution islamique de 1979.
Toutefois, rappelle AFP, la nomination de femmes à des postes haut placés ne fait pas de l'Iran un pays prompt à faire appliquer la parité entre les hommes et les femmes. Ces dernières disposent de moins de droits que leurs homologues masculins, notamment dans les questions de mariage, de divorce et d'héritage. Elles n'ont pas accès aux fonctions de juge et aucune femme n'a été autorisée à se présenter aux élections présidentielles depuis la révolution islamique.
L'Iran n'est pas non plus le pays champion de la galanterie. En début de semaine, une photo de femmes assises à terre, alors que des hommes étaient confortablement assis sur des chaises pendant une conférence de presse, avait choquée les internautes.
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