En Iran, 2015 fut une année sanglante, avec l'exécution de plus de 1000 personnes, un record sans précédent depuis 25 ans en Iran, comme le rappelle Médiapart. Et malheureusement, 2016 ne commence pas sous de meilleurs auspices : alors que le pays est secoué par des vagues de protestations populaires, le régime a décidé d'augmenter les condamnations à mort et d'alourdir les peines afin d'étouffer ces crises internes dans la terreur. Ce qui a redonné lieu à une atrocité dont on avait espéré ne plus avoir un jour à parler : d'après le Daily Mail (qui reprend une information diffusée par Serat News), une femme a été fouettée publiquement le 27 avril 2016, à Golpayegan, une bourgade proche de la splendide ville d'Ispahan. La victime de ce châtiment est seulement connue sous ses initiales, T.S, et purgeait déjà une peine de prison de 15 ans pour avoir tué son mari en juillet 2012, aidée par son amant qui lui, a été condamné à mort. En plus de sa peine de prison, les mollahs ont décidé d'en faire un exemple et de la sanctionner aussi pour son adultère : attachée allongée sur le ventre, elle a été fouettée 100 fois par un bourreau sur la place publique.
La réapparition de ce type de châtiments est de très mauvais augure. Ce n'est pas seulement un acte d'une violence inouïe, qui entretient le climat de terreur qui règne en Iran ; c'est aussi dégradant et humiliant, et cela en dit long sur la volonté de réprimer les femmes et de les écraser, comme l'explique le Conseil national de la résistance iranienne à ce sujet. Cette peine publique est une manière d'imposer une ligne de conduite aux femmes, de les réduire au silence. Un phénomène très révélateur de la politique de répression massive que le président Rohani mène à leur encontre. Farideh Karimi, une militante iranienne des droits de l'homme et membre du CNRI, précise cette pensée : "La flagellation publique d'une femme en Iran est une nouvelle mesure misogyne du gouvernement Rohani, qui est extrêmement inquiétante et abjecte [...]. Compte tenu de la nouvelle vague de répression des femmes en Iran, nous exhortons les militants et les organisations de défense des droits des femmes à se lever et se prononcer contre les politiques misogynes des mollahs". Cette campagne de répression contre les femmes a notamment pris un nouveau tournant avec la politique mise en place la semaine dernière pour surveiller les femmes : 7000 agents de la police des moeurs déguisés en civils qui parcourent Téhéran pour dénoncer et punir les cas de mauvais ports de voile.
Mais l'exhortation de Farideh Karimi à agir ne s'applique pas qu'aux activistes et défenseurs des droits humains. Elle considère que les hommes et femmes politiques occidentaux qui viennent en Iran alors que les rues sont "pavées de cadavres" selon les dires du CSDHI (un organisme de défense des droits humains créé en décembre 2004 par des victimes de la répression du régime iranien réfugiés en France), nuisent considérablement à la lutte pour la cessation des traitements inhumains pratiqués par le régime Rohani. Les femmes plus particulièrement, qui gardent le silence sur ces exécutions et punitions publiques lors de leurs visites en Iran, donnent leur aval au gouvernement en fermant les yeux, selon elle : "Les femmes politiques occidentales qui visitent l'Iran devraient reconsidérer ces données et leur impact sur le régime dans son attitude qui s'enhardit", explique-t-elle dans le Daily Mail . Et il est vrai que sans pression ou tentative de dissuasion des puissances étrangères en relation avec l'Iran, il sera difficile de faire cesser ces actes barbares, bafouer les droits humains les plus élémentaires ne semblant pas froisser Rohani et ses mollahs.