"Une décision historique". C'est ainsi qu'Amnesty International qualifie dans un communiqué la décision de la Haute Cour de Justice de Belfast. Lundi 30 novembre, l'une des plus hautes juridictions d'Irlande du Nord a en effet déclaré que la législation anti-avortement de la nation violait l'article 8 de la Convention européenne, qui proclame le droit de toute personne au respect de sa vie privée et familiale.
Actuellement, l'Irlande du Nord l'un des pays les plus restrictifs d'Europe en matière d'accès à l'interruption volontaire de grossesse. L'avortement y reste illégal, même en cas de viol, de malformation grave ou mortelle du foetus ou de risque pour la santé de la mère. En vertu de la loi, les médecins et les accompagnants à la grossesse n'ont même pas le droit de donner aux femmes des informations complètes sur l'intervention médicale dont elles ont besoin et sur la manière d'avorter en toute sécurité. Quant aux femmes se faisant avorter illégalement, elles encourent une peine de prison à vie, tout comme ceux pratiquant l'intervention.
Saisie par la Commission nord-irlandaise des droits de l'Homme (NIHRC), la Haute Cour de justice de Belfast souhaite désormais que le droit à l'avortement soit étendu aux victimes de viol, d'inceste ou en cas de grave malformation du foetus.
Dans un communiqué, le responsable de la NIHRC Les Allamy a déclaré que "a décision d'aujourd'hui est historique et sera saluée par les nombreuses femmes et jeunes filles qui se sont trouvées confrontées à ces situations". Amnesty International a également salué un pas en avant considérable pour mettre fin à "des lois datant du XIXe siècle". "La décision de la Cour est une remise en cause de l'incapacité de l'exécutif à accorder la priorité à la santé des femmes. Il est affligeant que les tribunaux aient dû intervenir parce que les responsables politiques ont manqué à leur devoir envers les femmes en Irlande du Nord", a notamment déclaré l'ONG.
Toutefois, la décision de la Haute Cour de Justice n'entrera en vigueur qu'à une condition : si le Parlement régional l'entérine. Or, l'opposition à une telle réforme demeure importante, notamment chez les élus du Democratic Unionist Party, le parti majoritaire en Irlande du Nord, conservateur et proche de l'Église protestante.