Le verdict est tombé jeudi 3 décembre à l'issue des trois jours d'audiences dans la cour d'assises d'appel de Blois : Jacqueline Sauvage a été condamnée à 10 ans de prison pour avoir abattu son époux en 2012 après avoir subi des violences conjugales pendant des années. Une peine qui vient confirmer le verdict rendu en première instance en octobre de l'année dernière. Comme à l'époque, beaucoup se sont émus de cette peine sévère, arguant que Jacqueline Sauvage était avant tout une victime.
Outrée par ce verdict, l'association féministe Les Déchaînées a ainsi lancé un pot commun afin de financer la cantine de la sexagénaire lors de son séjour en prison. "Son procès illustre ce qui arrive aux femmes qui osent sortir les couteaux, et répondre à la violence des hommes. Son procès illustre également une justice toujours prompte à blâmer les victimes de violences conjugales "Pourquoi ne partez-vous pas ?" "Pourquoi supportez-vous cela ?" sans prendre en compte les mécanismes de traumas et d'emprise", écrit l'association sur la page consacrée à cette opération pour venir en aide à Jacqueline Sauvage.
Lors du procès, Nathalie Tomasini, l'une de ses avocates, avait enjoint les jurés de "prendre la mesure des conséquences irréversibles des violences faites aux femmes". Elle leur avait demandé de "repousser les limites de la légitime défense appliquée aux situations de violences conjugales" en prononçant la relaxe de l'accusée. C'est en effet l'un des chevaux de bataille de l'avocate et de sa collègue Janine Bonaggunta : changer la loi pour que les femmes battues soient considérées comme en état permanent de légitime défense, comme c'est déjà le cas au Canada. Ces dernières ont ainsi expliqué avoir ouvert leur cabinet afin de venir tout spécialement en aide aux victimes de violences conjugales.
C'est ainsi que Nathalia Tomasini et Janine Bonaggunta ont obtenu l'acquittement d'Alexandra Lange, une femme battue de 32 ans qui avait tué son mari en 2009, à Douai, lors d'une dispute conjugale. Elles n'ont cette fois pas eu gain de cause auprès de la cour de Blois.