"Rep a sa Greenpeace !". C'est ce qu'a décoché, avec fierté, lunettes de soleil au nez, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari le temps d'une vidéo TikTok (un canal dont il maîtrise bien les "codes") très remarquée. Dans cette publication émanant de son propre compte, on l'aperçoit tester un avion "rechargé à l'énergie solaire". Preuve en est, selon lui, qu'un avion ne pollue pas forcément. Et d'interpeller l'organisation écologiste Greenpeace, enrichie d'un ironique "l'avion, ça polluera toujours". Une vidéo qui n'est pas passée inaperçue.
Très vite, de nombreux internautes, sur Twitter notamment, ont épinglé ce post doucement provoc'. "Le ministre des Transports continue son bout de chemin sur l'autoroute de la gêne en pensant que lancer un 'rep a sa Greenpeace' sur Tik Tok c'est cool. Et en plus en décontextualisant autant le sujet des avions polluants. 2022 va être giga long", a ainsi ironisé Vincent Manilève, journaliste expert de la culture web et des réseaux sociaux.
Bien des voix soulignent la dimension non seulement "cringe" (gênante, autrement dit), mais aussi déplacée de cette publication politique très "troll" sur les bords.
"L'histoire retiendra qu'en pleine urgence écologique, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari était en train de jouer l'influenceur sur Tik Tok. Les transports représentent 31% des émissions de carbone. Mais lui il préfère troller des ONGs", déplore à ce titre le site spécialisé en sujets environnementaux Bon Pote. Effectivement, on peut questionner la pertinence d'un tel post, alors que tous les regards se tournent encore sur le dernier rapport accablant des experts Climat de l'ONU- le GIEC.
Ce rapport relayé au début du mois d'août soulignait notamment que les émissions de C02 n'avaient pas baissé depuis 1990, représentant 36 gigatonnes par an, 63% de plus qu'il y a trente ans, mais aussi que les activités humaines, comme la production d'électricité, l'industrie, l'agriculture et les transports (justement), entraînaient des "changements rapides dans l'atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère". Une nécessaire piqûre de rappel de la crise climatique, par-delà de simples "Rep a sa".
Comme l'énonce le site Slate.fr, le transport aérien ne représente que 1,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais perdure en tête des modes de transport les plus polluants si l'on prend en compte le taux d'émissions de CO₂ par voyageur au kilomètre, celui-ci étant 45 fois supérieur aux chiffres standards du TGV. Selon Aurélien Bigo, doctorant sur la transition énergétique dans les transports, l'impact des transports aériens sur le climat serait donc encore beaucoup trop "sous-évalué" aujourd'hui, malgré la réalité des données.
Une réflexion un peu plus étendue qu'une vidéo TikTok.