Ce 11 octobre a lieu la Journée internationale des droits des filles. Vingt-quatre heures pendant lesquelles la conversation est axée, plus qu'à l'accoutumée, sur l'égalité filles-garçons, et les fléaux sexistes qui les touchent elles.
"Les filles restent les premières victimes des violences et des discriminations dans le monde", rappelle l'ONG Plan International. "132 millions d'entre elles sont toujours privées d'école. Et pourtant, l'éducation reste l'un des leviers les plus puissants pour lutter contre la pauvreté, les mariages d'enfants, les violences et les inégalités de genre". L'ONG tacle les "disparités importantes" que masquent "les progrès manifestes accomplis" dans le domaine. "Dans le monde, plus de 650 millions de femmes ont été mariées avant l'âge de 18 ans, soit 1 fille sur 5", déplore-t-elle encore.
Son cheval de bataille ? Le sport. Ou plutôt, promouvoir le sport auprès des fillettes. Car l'ONG l'assure : "Vous empêchez une fille de faire du sport, cela signifie la même chose que de l'empêcher d'aller à l'école". Et insiste : "Le sport n'est pas de l'instruction, mais c'est un levier d'éducation non formelle qui apprend des compétences de vie comme la confiance soi, l'autonomie ou encore la socialisation. Compétences qui sont indispensables en parallèle de l'apprentissage élémentaire. Sans le sport, on ne pourra jamais atteindre cette égalité filles-garçons".
A cette occasion, plusieurs personnalités ont apporté leur soutien à cette cause aussi urgente qu'essentielle, par le biais du hashtag #ElleJoueOnGagne, en publiant des photos d'elles et eux enfants faisant du sport. Et pour incarner ce combat, qui de mieux que l'attaquante du Paris Saint-Germain Kadidiatou Diani. A seulement 25 ans, la footballeuse a déjà une carrière impressionnante. En devenant ambassadrice Plan Internationale, elle encourage de nombreuses filles à suivre leurs rêves, peu importent les stéréotypes de genre qu'on attribue à leur passion.
On a discuté avec la joueuse des Bleues de son engagement auprès de l'ONG, de son parcours et de l'importance de se sentir représentée. Echange.
Kadidiatou Diani : Au départ, ça vient de mon frère. Quand j'étais plus jeune, je restais beaucoup avec lui. Comme c'était un garçon et qu'il jouait beaucoup au foot, c'est comme ça que je m'y suis mise. Mais j'étais la seule fille.
K.D. : Je n'avais qu'un seul modèle, un homme, Cristiano Ronaldo. Il y avait très peu de visibilité autour du football féminin, donc comme référence, je n'avais que des garçons. Et puis, il était plus difficile de faire du foot en tant que fille à l'époque qu'aujourd'hui. Déjà parce qu'il n'y avait pas de clubs réservés aux filles, et aussi car mes parents n'étaient pas vraiment d'accord avec cette idée. Mais ça me plaisait énormément. Quand j'y allais, je me sentais épanouie, à l'aise. Pour moi, c'était hors de question que j'arrête de jouer au foot. Et c'est comme ça que, petit à petit, j'ai convaincu mon papa de pouvoir continuer à pratiquer.
K.D. : Oui, énormément. D'ailleurs, elles pourraient être encore plus évoluées. Mais comparé à il y a dix ans, ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, les filles ont la chance de jouer entre elles, de s'épanouir entre elles dans des clubs non-mixtes. C'est important, et ce n'était pas le cas avant. Il pourrait y avoir davantage de visibilité encore, justement pour qu'elles sachent qu'il existe ces clubs qui leurs sont réservés. Cela leur permettrait de se diriger vers la discipline dès le plus jeune âge, et ne pas seulement la découvrir au dernier moment.
K.D. : Le foot leur permet de prendre confiance en elles, de se socialiser auprès des autres filles, et de s'épanouir, et pour ces raisons, c'est un réel levier d'émancipation. Moi, de base, je suis une fille timide, et jouer au sein d'un collectif m'a permis de m'ouvrir aux autres, de m'affirmer. Ça me tenait à coeur d'être ambassadrice de Plan International car ce sont des choses que j'ai vécues. Petite, j'ai beaucoup joué avec des garçons et aujourd'hui, je voudrais montrer aux filles qu'elles peuvent s'inscrire dans un club qui leur appartient.
K.D. : Oui, beaucoup. En plus, ça s'est joué en France et l'événement a été beaucoup plus suivi que les années précédentes, on a fait une grosse audience. C'est un point positif pour les petites filles qui nous ont regardées à la télé, peut-être que certaines se sont identifiées à l'une de nous. Que ça leur a permis de prendre conscience qu'on peut devenir une sportive de haut niveau. Se sentir représentée, c'est se sentir moins seule : on voit que des personnes comme nous ont déjà réussi, que ça leur a apporté beaucoup, d'un point de vue personnel comme professionnel. Et c'est essentiel.