Presque tous les médias ont recours aux banques d’images, des sites où l’on peut acheter des photos « prétextes » pour illustrer ses articles. Et si lorsqu’on veut illustrer la recette d’un risotto aux asperges ou un article sur les péages autoroutiers tout se passe plutôt bien, dès qu’il s’agit de trouver une photo sur un sujet tel que : les femmes et le sexe, les femmes et l’argent ou en fait tout simplement les femmes, ça se corse. Le moins qu’on puisse dire c’est que les banques d’image ne brillent pas par leur vision progressiste du « deuxième sexe ».
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Si on fait le test, en tapant simplement « femme » dans une banque dont on taira le nom, on trouve en première page : quatre photos de mariée avec robe, voile et air extatique ; six photos de femmes en train de faire la cuisine ou la lessive ou de jouer avec leurs enfants ; cinq photos de femmes en train de regarder avec attendrissement leur homme qui travaille sur un ordinateur et une photo d’un femme dormant innocemment pendant que son compagnon envoie un texto (coquin vu le sourire en coin) à quelqu’un d’autre. Plus une foultitude de jeunes beautés qui minaudent sur une plage de sable fin. Bref, une femme est une miss France aux dents blanches ou une épouse (trompée)/mère/cuisinière-lessiveuse.
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Encore plus délicieuses, les photos sur lesquelles on tombe en tapant « femme + argent » : deux alliances (!), une femme qui embrasse son mari une tirelire-cochon entre les mains, une femme et un caddie… Bouquet final lorsqu’on essaie d’illustrer un papier sur les femmes et leur sexualité : deux donzelles pleines de plumes et de bijoux se penchent sur un homme pour lui allumer son cigare, une femme à quatre pattes devant une masse bodybuildée et bien huilée regarde son étalon avec dévotion, une femme serre des billets de banque contre sa poitrine opulente. Désolant.
Il y a quelques jours, le blog mode du New York Magazine se demandait ce que les banques d'images pensaient du féminisme. Tout aussi édifiant.