Au Brésil, pays de 202 millions d’habitants, 56% des naissances se font par césarienne. Le taux monte à 84,6% dans les cliniques privées contre 40% dans les hôpitaux publics, selon les chiffres du ministère de la Santé brésilien. L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser les 15%.
La cause principale de cette nouvelle tendance semble liée au désir des femmes de ne pas affecter leur vie sexuelle avec un accouchement par voie naturelle. « La femme brésilienne s'inquiète de sa sexualité et a peur que l'accouchement modifie son périnée, ce qui est un mythe », déclare Vera Fonseca, directrice de la Fédération Brésilienne d'Associations de Gynécologie, au quotidien Folha de Sao Paulo. Au Brésil, la césarienne est tout simplement devenue un type d’accouchement et non plus un acte chirurgical dangereux, et non optionnel.
L’Institut brésilien de statistiques et de géographie (IBGE) a démontré dans une étude que plus le niveau d’études des femmes augmente, plus leur salaire moyen est élevé, plus la césarienne est systématique. Les femmes au niveau d’études équivalent ou supérieur au Bac sont plus de 70% à la choisir, alors que les Brésiliennes moins éduquées n’en bénéficient que dans 20% des cas environ. Le coût d’une césarienne s’élève à 2000 reais (600 euros) dans le privé. Cette pratique se transforme donc en opération de confort pour riches brésiliennes.
Le gouvernement brésilien s’inquiète sérieusement de ce qu’il qualifie « d’épidémie ». « L'épidémie de césariennes dans le pays est inacceptable et il faut la traiter comme un problème de santé publique », affirme le ministre brésilien de la Santé, Arthur Chioro. Pour y remédier, il compte bien s’appuyer sur toutes les recherches scientifiques prouvant que l’accouchement naturel ne modifie pas la sexualité des femmes, rappelant également que l’accouchement par césarienne augmente de 120% les risques de maladies respiratoires pour le nourrisson et multiplie par trois le risque de décès de la mère.
Ainsi à partir de juillet prochain, pour recevoir leurs honoraires, les médecins devront remplir un document sur toutes les données des femmes à partir du moment où elles commencent à avoir des contractions. Le gouvernement cherche ainsi à éviter les opérations non nécessaires et programmées longtemps à l'avance puisque le médecin devra expliquer pourquoi il n'a pas fait d'accouchement naturel. Les institutions privées seront aussi obligées d'informer la future mère sur les risques auxquels elle s'expose si elle choisit une césarienne.