Si l'art remplit de multiples fonctions comme celles de nous séduire, de nous divertir ou de nous émouvoir, il arrive également qu'il suive un dessein purement... pédagogique. C'est là toute la démarche d'Elise Gravel, dessinatrice québécoise qui a récemment publié une planche de bande-dessinée sur sa page Facebook afin d'expliquer la notion de consentement aux enfants.
Cette illustratrice pour enfants -également maman de deux petites-filles- s'est lancée parce qu'elle a constaté que, même chez les adultes, cette notion de consentement (pourtant fondamentale) n'est pas toujours respectée au sein de la société : "Enseignons à la prochaine génération une règle de base toute simple que bien des adultes ne semblent jamais avoir apprise", préconise-t-elle sur Facebook.
Dans sa BD- dont on aperçoit un extrait ci-dessous- l'artiste met en scène deux petits personnages : "Tu veux un câlin ?", demande le premier. "Non. Je préfère te serrer la main, d'accord ?", lui répond le second. En légende, un texte explique -sans poser de jugement- comment se comporter dans ce genre de situation. "Tu as envie de faire un câlin ou un bisou à quelqu'un ? Demande-lui la permission avant." "Ton corps t'appartient. Personne ne devrait toucher ton corps si tu n'en a pas envie.
Une leçon utile et au coeur de l'actualité avec la vague déferlante de témoignages de femmes victimes de harcèlement sexuel qui submerge les réseaux sociaux depuis l'affaire Harvey Weinstein. Et si la solution pour que certains adultes n'agissent plus de la sorte était justement d'inculquer cette valeur dès l'enfance ? En effet, chez l'enfant, l'éducation sexuelle passe irrémédiablement par l'apprentissage du consentement.
Seulement voilà, ce n'est pas toujours évident de trouver les bons mots pour que l'enfant saisisse bien tout ce que le consentement implique. C'est pourquoi les spécialistes recommandent de segmenter l'apprentissage par tranche d'âge. Debra Herbenick de l'Institut Kinsey, a par exemple expliqué au New York Times que le meilleur moyen de sensibiliser les tout-petits (en pleine exploration de leur corps) au consentement consiste à leur faire comprendre qu'ils ne peuvent pas toucher n'importe qui, n'importe où.
Comme l'auteure spécialisée dans l'univers parental Katia Hetter l'a indiqué au site de CNN, le fait de ne pas contraindre son enfant à faire des bisous ou à câliner qui que ce soit (y compris ses parents) est un bon moyen de l'initier au consentement. Car lui imposer des gestes d'affection pourrait lui envoyer le message qu'il est normal d'avoir des interactions physiques avec d'autres personnes qui le lui réclament, même si cela le met mal à l'aise. Selon cette experte, le parent doit -dès l'âge de 6 ans- expliquer clairement à son enfant qu'il a le droit de ne pas y consentir.
La relation que l'enfant entretient avec le consentement se corse dès l'entrée au collège et au lycée, périodes auxquelles surviennent généralement les premiers bisous et les premiers rapports sexuels. En effet, il est primordial d'aider l'ado à faire la distinction entre un baiser partagé et un baiser volé, et de lui faire comprendre que seul le premier est acceptable. À l'aube de ses premiers rapports sexuels, il est également très important d'avoir une discussion avec son adolescent afin de s'assurer que celui-ci ait bien saisi en quoi le consentement consiste. Ce dernier pourra ainsi s'abstenir ou consentir, en fonction de ses propres désirs et de ceux de l'autre.