Alors que la nouvelle saison de sa série Girls débarque dans quelques jours sur HBO, Lena Dunham a fait savoir qu'elle n'en ferait pas la promotion sur les plateaux de télévision, car elle souffre de complications dues à l'endométriose dont elle souffre depuis des années. L'actrice-réalisatrice n'a jamais fait mystère du fait que cette maladie, qu'on lui a diagnostiquée sur le tard, était un réel handicap en raison des douleurs aigües qu'elle engendrait.
Il y a deux types de causes aux douleurs des règles : l'endométriose et ce qu'on appelle la dysménorrhée, qui précède, accompagne ou suit l'arrivée des saignements. Ces dernières sont l'objet d'un article publié sur le site Quartz, qui a interviewé plusieurs médecins afin de comprendre d'où elles viennent et pourquoi on ne sait toujours pas comment les soigner.
Parmi ces médecins, le docteur John Guillebaud, qui enseigne à l'University College London, explique que pour certaines de ses patientes, les douleurs ressenties pendant les règles s'apparentent à une crise cardiaque.
Pourtant, la plupart des femmes qui se plaignent à leur médecin de ces douleurs qui reviennent tous les mois et sont parfois d'une telle intensité qu'elles les clouent au lit, se voient généralement prescrire de l'ibuprofène. De fait, si l'endométriose, car elle peut à terme rendre celles qui en souffrent stériles, fait l'objet d'études, les douleurs menstruelles sont très peu étudiées, alors même que beaucoup de femmes en souffrent.
Interviewé par Quartz, le docteur Legro, du Penn State College of Medicine, fait part des difficultés qu'il rencontre pour trouver des financements pour faire des recherches sur la dysménorrhée. "J'ai présenté ma candidature pour obtenir une bourse trois ou quatre fois, à chaque fois elle a été rejetée. Je crois qu'au fond, personne ne considère les douleurs de règles comme un vrai sujet de santé publique.", explique-t-il.
Cette indifférence générale explique pourquoi les patientes qui se plaignent de dysménorrhée se heurtent souvent à un mur. "D'un côté, les hommes, parce qu'ils ne connaissent pas ces douleurs, sous-estiment leur intensité chez certaines femmes. Mais je pense que les doctoresses se montrent parfois peu empathiques précisément parce qu'elles n'en souffrent pas, ou alors, si elles en souffrent, parce qu'elles jugent que si elles peuvent les surmonter, leurs patientes aussi", explique John Guillebaud.
Comment se fait-il qu'il y ait si peu de recherches sur ces douleurs, qui, sans être mortelles, sont très handicapantes pour certaines femmes ? Pour le docteur Legro, cela tient en partie au fait que les règles ne sont guère abordées publiquement. Et ce dernier d'évoquer la réticence de certaines chaînes de télévision américaines à laisser les mots "vagin" et "saignements menstruels" être prononcés à la télévision, ce qui rend toute discussion sur les douleurs de règles difficile. "Nous vivons dans un pays qui ne veut pas regarder ces troubles en face parce qu'ils évoquent le sexe et l'avortement et les embryons et toutes ces 'mauvaises choses'", selon le docteur Legro. Cependant la situation n'est guère enviable dans les autres pays, dont la France.
Alors, que faire ? Peut-être est-il temps que les femmes qui souffrent de douleurs menstruelles "sortent du placard" et en parlent publiquement. Car, comme le dit le professeur Legro, "il n'y a pas à avoir honte, c'est un trouble très commun qui ne devrait pas être ignoré." Prêtes à lancer la discussion au sujet de ce fléau qui frappe des millions des femmes ?