Ce samedi 23 novembre, des centaines de milliers de personnes ont défilé un peu partout en France pour dénoncer les violences physiques, psychologiques et sexuelles dont sont encore aujourd'hui victimes les femmes. Des violences sur lesquelles s'est confiée l'actrice Lucie Lucas en parallèle de la marche #NousToutes sur son compte Instagram.
La star de la série Clem revient, dans un texte glaçant, sur les violences sexuelles dont elle a été victime tout au long de sa vie. D'abord à l'école, où les garçons avec qui elle jouait au foot la coinçaient "régulièrement dans les toilettes", essayaient de la déshabiller et l'obligeaient "à garder leur langue dans ma bouche quand j'avais 6, 7 et 8 ans." Puis au collège, où son professeur de technologie "nous coinçait les unes après les autres dans son cagibi noir et nous bloquait la sortie avec son corps, le regard amusé et la langue sur les lèves." Ou encore son professeur de théâtre. "J'aimais le théâtre mais je n'aimais pas que mon professeur tâte mes seins naissants et remonte sa main le long de mes cuisses chaque fois que je me trouvais à côté de lui."
Toujours sur Instagram, Lucie Lucas se confie sur deux viols dont elle a été victime. Le premier, perpétré par garçon de deux ans son aîné et dont elle était amoureuse, qui la violera "dans sa cave quand je pleurais toutes les larmes de mon corps en disant non." Le second : son petit ami de l'époque, qui agira avec "la volonté de faire mal et de me punir parce qu'il pensait que je l'avais trompé."
La comédienne raconte également les abus dont elle a été victime dans sa vie professionnelle, d'abord comme mannequin puis comme actrice. Et notamment cet homme qui tentait régulièrement de l'embrasser et qui a fini par la virer car elle refusait ses avances. Ou ce réalisateur qui lui avait promis "que mon corps ne serait vu que de loin alors que j'ai découvert devant ma télé que mon postérieur remplissait tout l'écran."
"Je ne sais pas si je connais une seule femme qui n'ait pas de douloureuses expériences à partager"
Sur une seconde photo, Lucie Lucas explique que des exemples comme ceux-là, elle en aurait encore malheureusement d'autres à raconter. "Des souvenirs sexuellement désagréables j'en ai depuis que j'ai trois ans. Je ne sais pas si je connais une seule femme qui n'ai pas de douloureuses expériences à partager", explique l'actrice.
En légende de son texte, Lucie Lucas remercie "toutes ces femmes qui ne se taisent plus." Elle ajoute : "Je me rends compte aujourd'hui combien c'est terrifiant de parler même sans donner de noms, de dates ou de lieux. Je n'ai pas le courage de certaines mais je voudrais leur faire part de toute mon admiration et reconnaissance face à leur force immense et bienfaitrice (...) Adèle (Haenel, ndlr) a raison, il n'y a pas de monstres. Mais il y a une société qui doit se réveiller, avec tous ses individus, et tendre vers le respect et l'épanouissement de chacun dans l'équité et la justice."
Chaque année, selon les chiffres de l'Insee, au moins 94 000 femmes seraient victimes en France de viol ou tentative de viol. Dans 9 cas sur 10, ces agressions sont perpétrées par un proche de la victime.